Me Yawovi Madzi Agboyibo est l’objet d’un colloque scientifique international ouvert à Lomé jeudi. Des universitaires venus du Togo, du Bénin, du Gabon et de plusieurs pays questionnent la vie de l’avocat qui a été aussi un homme politique influent et très connu comme un grand défenseur des droits humains. Durant deux jours, une immersion sera faite dans la vie de l’ancien Premier Ministre afin d’en tirer le substrat.
Les travaux du colloque sont placés sous le thème : « Me Yawovi Agboyibo : histoire d’une vie et d’un temps (1943-2020 ». La rencontre est organisée pour porter un regard critique sur son parcours, son héritage, son impact et son action. Il sera question d’analyser sur les plans politique, culturel, intellectuel et idéologique, la portée des actions qu’il a menées.
Il sera également procédé à l’évaluation de sa contribution à la production de la pensée politique et idéologique et l’étude de son rapport aux valeurs endogènes africaines.
Pour André Kangni Afanou, le président du Comité d’organisation, le colloque est l’aboutissement d’un travail collectif mené par le Centre de ressources en droits de l’homme du centre de documentation et de formation sur les droits de l’homme (CDFDH), la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), l’Université de Lomé, la Société Civile Professionnelle d’Avocats (SCPA) Agboyibo et Associés et d’autres associations de la société civile dont le Club le littéraire, le Centre pour la gouvernance démocratique et la prévention des crises (CGDPC).
Pour sa part, le Président du Comité scientifique du colloque, Prof Joseph Tsigbé, a invité les participants à mener des débats critiques tout en évitant que l’espace de ce colloque se « transforme en prétoire pour ternir l’image de l’homme » ou que le colloque se transforme « en autel pour l’encenser ».
Me Agboyibo, très écouté mais incompris
Intervenant à l’ouverture du colloque, Nakpa Polo, la Présidente de la CNDH a noté qu’il s’agit d’un moment d’émotions. Pour elle, la mort de Me Agboyibo a laissé un vide dans l’espace politique et le Togo s’en rend compte.
« Me Agboyibo avait la passion du Togo. Une passion dévorante, tenace pour la justice sociale, les droits de l’homme et la démocratie », a-t-elle martelé notamment par ailleurs que l’ancien Premier ministre du Togo a été « le leader le plus écouté mais aussi le plus incompris ».
Me Agboyibo a marqué, pendant plus de 3 décennies, la vie sociopolitique du Togo et de l’Afrique. Son parcours, ses idées et ses méthodes retiennent l’attention de plusieurs.
Dans le témoignage qu’il a donné en hommage de son « frère et ami » Apollinaire Yawovi Agboyibo, Aboudou Assouma, le président de la Cour constitutionnelle du Togo a salué un homme qui avait en lui une immense richesse.
La conférence inaugurale a été marquée par deux communications données par l’universitaire gabonais, Jean-François Owaye, Professeur titulaire d’histoire contemporaine et Me Robert Dossou, l’ancien ministre et ancien Président de la Cour constitutionnelle du Bénin.
Plusieurs autres communications sont attendues dans le cadre de ce colloque. Elles seront données par des enseignants-chercheurs des universités de Lomé, Kara ainsi que d’éminentes personnalités étrangères provenant de divers horizons. Alain Foka, l’animateur de l’émission archives d’Afrique sur Rfi devrait également intervenir.
Plusieurs personnalités du Togo ont pris part à la conférence inaugurale du colloque. Parmi elles, Aboudou Assouma, le président de la Cour constitutionnelle, la présidente de la CNDH, la présidente du HCRRUN, Awa Nana-Daboya, des ministres Gilbert Bawara, Dodzi Kokoroko. On notait également la présence de plusieurs leaders de l’opposition (Me Apevon, Prof Wolou, Me Tchassona-Traoré), de la société civile, des anciens ministres (Pascal Bodjona, Kako Nubukpo) sans oublier les membres de la famille biologique et politique de Me Agboyibo.
Notons que le colloque sera sanctionné par la publication de meilleures contributions dans un ouvrage scientifique.