Un drone malien engagé dans une opération antiterroriste a été détruit dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 à Tin-Zaouatène. L’AES dénonce une « violation grave » et rappelle ses ambassadeurs à Alger, accentuant une rupture inédite avec son voisin du Nord.
Les relations déjà glaciales entre la Confédération des États du Sahel (AES) et l’Algérie viennent de franchir un nouveau seuil critique. Dans un communiqué particulièrement virulent diffusé le 2 avril et signé du président en exercice Assimi Goïta, les trois chefs d’État de la confédération – Mali, Burkina Faso et Niger – ont accusé Alger d’un « acte d’hostilité manifeste » à la suite de la destruction d’un drone militaire malien par les forces armées algériennes dans la région de Kidal, à la frontière entre les deux pays.
Rupture de confiance entre l’AES et l’Algérie
L’appareil en question, un drone Baykar Akinci de fabrication turque et immatriculé TZ-98D, opérait dans le cadre d’une mission de surveillance antiterroriste en territoire malien, selon Bamako. Sa cible présumée : un groupe jihadiste suspecté de préparer une attaque contre les forces de sécurité de l’AES.
« Sa neutralisation a compromis une opération de prévention contre des actes terroristes », indique le communiqué confédéral.
Mais Alger, de son côté, affirme que le drone a « violé l’espace aérien national » sur deux kilomètres et qualifie l’engin de « drone armé de reconnaissance ». L’armée algérienne, dans une communication officielle du 1er avril, affirme avoir agi pour « préserver la souveraineté nationale et la sécurité de ses frontières ».
Pour l’AES, cette version des faits ne tient pas. Les autorités sahéliennes accusent le régime algérien non seulement d’avoir violé les règles de coopération sécuritaire régionale, mais aussi d’avoir indirectement favorisé le terrorisme en entravant une opération militaire cruciale. La réaction ne s’est pas fait attendre : les trois pays membres de la confédération ont rappelé leurs ambassadeurs à Alger pour consultations, dans un geste diplomatique rare qui témoigne de la gravité de la crise.
« Ce geste est non seulement une agression contre le Mali, mais également contre l’ensemble de la Confédération des États du Sahel. Toute attaque contre un État membre est une attaque contre tous », rappelle le Collège des Chefs d’État dans sa déclaration.
L’Algérie, de médiateur à adversaire ?
Ce nouvel épisode de tensions intervient dans un contexte de recomposition stratégique au Sahel, où l’AES, issue d’une rupture assumée avec les partenaires occidentaux traditionnels, redéfinit ses alliances et revendique son autonomie. Face à elle, l’Algérie, longtemps considérée comme médiateur régional, voit désormais son rôle remis en question.
Depuis la déclaration du 22 décembre 2024, l’espace confédéral sahélien est considéré par ses membres comme un théâtre unique d’opérations militaires. À ce titre, toute atteinte à une mission nationale est interprétée comme une atteinte collective. Cette doctrine rend désormais les frictions avec des États frontaliers potentiellement explosives.
Dans son communiqué, la confédération somme Alger d’adopter une posture « constructive », fondée sur le respect du droit international et sur une volonté partagée de lutter contre l’extrémisme armé. Pour les chefs d’État sahéliens, la lutte contre le terrorisme constitue une « bataille existentielle », et toute entrave à cette mission met en péril la sécurité de millions de citoyens dans une région déjà fortement éprouvée.
En conclusion, Assimi Goïta a adressé un message de fermeté et d’unité aux populations de la confédération, assurant que les Forces de défense et de sécurité restent pleinement engagées pour défendre la souveraineté de l’espace AES.
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