C’est un sérieux coup porté contre le grand banditisme sur les routes togolaises. La Gendarmerie nationale a annoncé lundi le démantèlement d’un réseau criminel sophistiqué, impliqué dans le détournement de camions de marchandises circulant sur la très fréquentée Route Nationale n°1. Huit individus, tous de nationalité togolaise, ont été arrêtés à Lomé à la suite d’une enquête déclenchée par plusieurs signalements.
Un réseau criminel structurée, des rôles bien définis
Le mode opératoire du groupe révèle une organisation bien huilée. Le réseau fonctionnait par équipes distinctes, chacune ayant une mission précise : espionnage, interception, séquestration, revente.
L. Daouda, identifié comme le cerveau du groupe, coordonnait les opérations depuis Lomé, en lien étroit avec les autres membres. Une première cellule basée à Lomé et au Burkina Faso récoltait des informations stratégiques : numéro de plaque des camions, type de marchandises transportées, itinéraire, coordonnées des chauffeurs.
Une deuxième équipe, composée de faux policiers, intervenait ensuite sur le terrain pour intercepter les camions, enlever les conducteurs et les apprentis, avant de les séquestrer dans des lieux isolés.
Enfin, une troisième équipe technique désinstallait les dispositifs de géolocalisation, rendant les camions intraçables, avant d’acheminer les marchandises détournées vers des destinations inconnues.
Selon les enquêteurs, le butin était ensuite revendu illégalement, et les profits répartis entre les membres du réseau criminel.
Une affaire de sésame, et un précédent troublant
La dernière opération remontant au 19 février 2025 concerne un camion transportant 45 tonnes de sésame blanc en provenance de Ouagadougou. Le conducteur et son apprenti, enlevés sur la route, ont été retenus trois jours dans une villa à Agoè-Sogbossito, avant d’être abandonnés en pleine brousse sur l’axe Lomé-Kpalimé.
Mais ce n’était pas la première fois que ce groupe sévissait. En décembre 2024, les mêmes suspects auraient orchestré un braquage ciblé contre des ressortissants burkinabè venus à Lomé pour acheter un véhicule. Résultat : leurs biens volés, dont neuf millions de francs CFA en liquide.
Une tentative de détournement avortée a également eu lieu le 24 mars 2025 près de Lilikopé. Cette fois, grâce à la sensibilisation des transporteurs par les autorités et à la vigilance du chauffeur, le plan a échoué.
Justice en marche, enquête en cours
Les huit suspects – L. Daouda, F. Kidje, A. Charles, J. Kobena Essenam, A. Komlan Ephrem, S. Nambé, A. Koffi Florent et B. Philippe – seront prochainement présentés devant le Procureur de la République à Lomé. Ils devront répondre de plusieurs chefs d’accusation, dont enlèvement, usurpation de fonction, vol aggravé, et association de malfaiteurs.
Dans un communiqué, la Gendarmerie nationale a salué la collaboration des citoyens, qui a permis de faire avancer l’enquête. Elle a également appelé la population à rester vigilante et à continuer de signaler toute activité suspecte, particulièrement sur les axes routiers où circulent les marchandises entre le Togo et les pays voisins.
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