Au Togo, les difficultés se sont accentuées dans le milieu carcéral en ces temps de pandémie. Pour apporter des solutions, le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) et ses partenaires dont l’Union Européenne ont pensé à l’innovation et la créativité entrepreneuriale. Une compétition dénommée « Hackathon Tech for Detainees Rights (Tech 4D Rights) » a été lancée du 02 au 08 novembre derniers. Les 2 meilleurs projets ont été primés lundi à Lomé.
« Pour une fois, une organisation de la société civile a fait des efforts pour trouver des solutions avec les numériques afin d’apporter une solution digitalisée pour la gestion des prisons pour éviter la surpopulation carcérale. Ceci va aider le juge à accorder des peines alternatives aux prévenus. Il va donc révolutionner le milieu carcéral et nous attendons que le gouvernement puisse saisir cette occasion pour l’implémenter et le vulgariser », a fait savoir Marcus Dakla, responsable monitoring et du suivi des mécanismes de la protection des droits de l’homme au CACIT.
Le projet a été lancé essentiellement à l’endroit des étudiants, entrepreneurs, startups, OSC, et responsables des structures pénitentiaires. Il est placé sous le thème : « La réponse numérique à la crise au changement des systèmes à l’ère de la Covid-19 ».
Plusieurs groupes ont participé à cette compétition dont 5 ont été retenus. Ils ont été présentés lundi à un jury constitué de 3 membres. Tous ont conçu des applications pouvant contribuer à solutionner les défis que rencontre le milieu carcéral togolais. Notamment dans 4 domaines dont les mesures alternatives à la détention pour lutter contre la surpopulation carcérale, des innovations pour améliorer les conditions de détention dans les prisons. Ils se sont intéressés aussi à l’accès aux lieux de détention par des avocats, des OSC, des parents et proches aux détenus et les mesures sécuritaires et l’amélioration de leur environnement sanitaire.
Désengorger les prisons du Togo
La chargée du suivi de la population carcérale de l’action sociale et de la réinsertion était également présente au cours des travaux. Occasion pour Eugénie Kodjolo d’apprécier l’innovation qu’apportent les jeunes pour désengorger les prisons au Togo.
« J’ai été très satisfaite de l’organisation de la présentation des projets réalisés. J’ai senti qu’il y a des jeunes togolais qui s’intéressent à la matière et qui pensent à leurs frères et sœurs qui sont en détention et qui voudraient trouver des moyens pour réduire le taux de prisonniers du pays », a-t-elle indiqué.
A la fin, c’est l’idée innovatrice du groupe « Believe » qui a convaincu le plus le jury. Ensuite vient le groupe « Réinsertion ». Ils repartent ainsi respectivement avec 500 000 Fcfa et 300 000 Fcfa chacun.
« Nous avons présenté ce soir la solution Believe qui est un système de géolocalisation dont un bracelet électronique pour permettre à l’administration pénitentiaire de pouvoir suivre des personnes qui sont en détention provisoire. Ils ne seront pas forcément à la prison, mais libre un tant soit peu de leur mouvement mais en suivant des restrictions », a expliqué Junior Koffi Awassiah, Tech entrepreneur.
Les 5 projets retenus bénéficieront de l’accompagnement du CACIT et de l’OMCT avec l’appui technique de Nunyalab à partir des prototypes d’une phase de test au sein des services pénitentiaires identifiés.
Rappelons que le projet est piloté et mis en œuvre par le CACIT et l’OMCT en collaboration avec TIDD, Nunya Lab Lomé et CERDI, FAIEJ avec l’appui financier de l’Union Européenne (UE).
Au Togo, plus de 55 000 individus sont officiellement détenus dans les 13 prisons civiles du Togo.