L’Alliance nationale pour le changement (ANC) remet au goût du jour la question du découpage électoral pour les élections législatives. Ce sujet a meublé tous les débats politiques du pays ces dernières sans qu’une solution consensuelle ne soit trouvée. Jean-Pierre Fabre, le chef de l’ANC soutient que le découpage électoral actuel viole la constitution, les lois et règlements de la République et devrait être complètement revu.
L’ANC fonde son argumentation sur les résultats du RGPH5 qui révèle que la population résidente au Togo s’établit à 8 095 498 habitants.
Le découpage électoral actuel
La répartition de cette population par région au regard de la distribution des sièges de député à l’Assemblée nationale démontre que la région maritime, avec 3 534 991 habitants représentant 44% de la population, est dotée de 25 sièges, soit 27,5% des députés, ce qui donne 1 député pour 141 399 habitants.
La région des plateaux avec 1 635 946 habitants représentant 20% de la population se voit attribuer également 25 sièges soit 27,5% des députés, ce qui donne 1 député pour 65 419 habitants.
La région de la Kara avec 985 512 habitants soit 12% de la population globale a 17 sièges de députés à l’Assemblée Nationale, soit 1 député pour 57 971 habitants, pendant que la région des Savanes avec 1 143 520 habitants soit 14% de la population n’a que 12 sièges de députés, soit 1 député pour 95 293 habitants.
« Rien ne justifie de telles disparités qui affichent clairement une discrimination grave et inacceptable entre les régions, entre les Togolaises et les Togolais. Au demeurant, le découpage électoral actuellement en vigueur consacre la pratique anticonstitutionnelle et antidémocratique de l’inégalité des suffrages », a dénoncé l’ANC au cours d’une conférence de presse.
Ballotage défavorable pour 18 préfectures
Pour M. Fabre, le découpage électoral actuel est d’autant plus injuste que certaines préfectures peuvent ne pas être représentées à l’Assemblée nationale, en raison du positionnement de leurs candidats sur les listes parce que, ayant été agrégées à d’autres préfectures pour constituer une seule et même circonscription électorale.
C’est le cas des couples de préfectures suivants : Agoè Nyivé et Golfe, Bas-Mono et Lacs, Kpélé et Kloto, Akébou et Wawa, Anié et Ogou, Mô et Sotouboua, Oti-Sud et Oti, Cinkassé et Tône, Kpendjal-Ouest et Kpendjal.
En outre, les préfectures de Danyi et d’Assoli, les deux plus petites préfectures du pays ont chacune deux (02) sièges de député à l’Assemblée Nationale tandis que d’autres préfectures plus grandes et plus peuplées peuvent n’avoir aucun siège de député. La faute au découpage électoral tel qu’il est arrêté.
Appel à un ‘harcèlement’ du pouvoir
Malgré toutes ces disparités, l’ANC ne renonce pas à sa participation à ces élections. Il reste en course et exige que le Togo respecte les recommandations internationales, notamment celles du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies dans ses commentaires sur l’article 25 du Pacte International sur les Libertés Civiles et Politiques.
Dans le même temps, il demande à toute l’opposition de porter à bras le corps ce problème pour amener le pouvoir à fléchir.
« Moi je fais mon travail… Chacun doit faire pareil… Le harcèlement des composantes de l’opposition va peut-être affaiblie le pouvoir et c’est cet appel que nous lançons à tout le monde », a proposé Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC.
Le Togo organise dans les prochains mois, des élections législatives pour procéder au renouvellement de l’Assemblée nationale dont le mandat arrive à terme à la fin de l’année.