C’est la confusion samedi au Togo où devrait démarrer une série de 10 jours de manifestations de la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition. Les manifestations qui devraient se tenir simultanément à Lomé et dans plusieurs villes du pays ont été interdites par le ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi. Mais cette interdiction a été bravée par des jeunes du regroupement de l’opposition. La répression a fait au moins 2 morts dont un enfant et plusieurs blessés à Lomé. Des blessés sont également signalés à Sokodé, Bafilo et Tchamba. Brigitte Adjamagbo-Johnson charge le pouvoir de Faure Gnassingbé.
La Coalition des 14 partis a maintenu samedi sa manifestation, malgré l’interdiction décidée par le ministre l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi. Dans plusieurs villes du pays, les manifestants de l’opposition ont tenté des regroupements, en dépit du déploiement des forces de défense et de sécurité.
Dès le début de la matinée, des heurts ont eu lieu à Bafilo, Sokodé et Tchamba notamment entre les manifestants et la force publique. On déplore plusieurs blessés et d’énormes dégâts matériels. A Sokodé, un meeting du parti au pouvoir en fait les frais de la colère des manifestants.
Mais c’est Lomé qui va retenir les attentions une bonne partie de la journée. Des affrontements ont eu lieu pendant plusieurs heures entre des manifestants de la Coalition et des forces de l’ordre dans les quartiers Bè, Kégué, Agbalépédo et surtout dans la banlieue nord de la capitale à Agoè. Des jeunes de l’opposition ont dressé des barricades et brûlé de pneus. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et il y a eu des courses poursuites.
Au moins 2 morts par balle dans les rangs des manifestants
Ces évènements ont fait au moins 2 morts par balle selon plusieurs témoignages recueillis, alors qu’au niveau des militants de la Coalition, on dénombre minimum 3 décès.
Le ministre togolais de la sécurité et de la protection civile, le général Damehame Yark a reconnu le décès d’un enfant et évoqué celui d’un autre. Le ministre attribue cette forfaiture à des « individus à bord d’un 4×4 ». Du côté de la Coalition, on affirme qu’il s’agit bien « de militaires du régime qui ont tiré » sur les manifestants.
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« Il s’agit d’un enfant tué par balle par des individus à bord d’un véhicule 4X4, sans plaque. Des recherches sont actuellement en cours, pour retrouver le véhicule et les auteurs. L’enfant avait d’environ 8 ans », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le général Yark Damehane a évoqué un autre décès dont il n’avait pas « encore la confirmation ». Les forces de défense et de sécurité ont procédé à plusieurs arrestations tant à Lomé qu’à l’intérieur du pays.
Pour sa part, Brigitte Adjamagbo-Johnson, la Coordinatrice de la Coalition de l’opposition, il y a bien eu 3 morts à Agoè-Zongo et à Togblekopé. Pour elle, il s’agit d’une situation à mettre sur le dos du régime de Faure Gnassingbé qui cherche à tenir des élections contre la volonté du peuple.
« C’est pour éviter tout cela que nous demandions que le processus électoral soit suspendu… Les auteurs de ces tueries payeront de leurs actes le moment venu. Ceux qui pensent qu’il suffit d’interdire des manifestations pour museler un peuple qui aspire à la liberté, doivent revenir à la raison », a déclaré Mme Adjamagbo-Johnson qui ajoute: « Nous irons jusqu’au bout ».
Le gouvernement togolais organise le 20 décembre prochain des élections législatives. Un scrutin auquel la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition n’a pas présenté de listes, dénonçant une préparation unilatérale et des fraudes.
Le regroupement a annoncé pas moins de 10 jours de manifestations pour empêcher la tenue des élections dont la campagne électorale a démarré depuis le 4 décembre dernier. Des manifestations interdites par les autorités pour « risque très élevé de troubles graves à l’ordre public ».