En pleine opération de révision des listes électorales, le Syndicat National des Journalistes Indépendants du Togo (SYNJIT) a vivement réagi à l’interpellation de Albert Agbeko. Le journaliste et directeur de publication du site d’information Togo Scoop a été arrêté mardi à Tsévié alors qu’il faisait son travail à l’école primaire catholique Saint-Jean de Tsévié. L’organisation professionnelle des médias dénonce une intimidation et une entrave à la liberté de presse
Albert Agbeko documentait le déroulement du recensement dans cet établissement scolaire, photos à l’appui. Mais il a été interpellé par un agent de police présent sur les lieux. Et ce, en dépit du fait qu’il s’était identifié, carte de presse en main, et avait informé le président du Comité de Liste et Carte (CLC) de sa présence.
Au-delà de Albert Agbeko, les journalistes sous pression
Selon le SYNJIT, non seulement il lui a été exigé de supprimer les photos prises à des fins d’illustration journalistique, mais un dispositif sécuritaire renforcé a été mobilisé pour le conduire au commissariat, en compagnie du président du CLC et de son rapporteur.
« Ce scénario n’est que la résultante des réalités bien tristes que vivent le plus souvent les journalistes sur le terrain », déplore le syndicat, qui dénonce fermement ce qu’il considère comme une tentative d’intimidation.
Pour le SYNJIT, cette attitude constitue une entrave caractérisée à la liberté de la presse, en particulier dans un contexte électoral aussi crucial.
Le syndicat rappelle que les centres de recensement ne sont pas des lieux secrets, et que les médias ont le devoir de couvrir le processus électoral pour informer l’opinion et garantir la transparence du scrutin.
Appel à la HAAC et à la CENI
Tout en saluant le sang-froid et le sens du dialogue du commissaire Messan Alofa, qui aurait contribué à apaiser les tensions, le SYNJIT interpelle les autorités électorales. Il exhorte la CENI et les présidents des Comités de Liste et Carte à instruire leurs agents pour faciliter le travail des professionnels des médias.
Dans le même élan, le syndicat appelle la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) à assumer pleinement sa mission de régulation pour protéger les journalistes dans le cadre de ce processus électoral, qui se poursuit jusqu’au 23 avril.
Alors que les Togolais se préparent à de nouvelles échéances électorales, dont les municipales, le SYNJIT rappelle que la mission d’information confiée aux journalistes est un bien précieux dans toute démocratie. Face aux risques de dérives sécuritaires et de crispation politique, il s’agit, pour la presse togolaise, de pouvoir jouer pleinement sa partition – sans peur ni entrave.
Car c’est aussi sur la qualité de l’information et la transparence du processus électoral que repose la crédibilité des institutions démocratiques. Et à ce jeu-là, chaque interpellation arbitraire devient un signal d’alerte.
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