Malgré les efforts consentis pour l’amélioration des conditions de vie et de travail dans le secteur des mines de l’espace communautaire, les derniers rapports montrent que le travail décent reste toujours un grand défi à relever dans plusieurs Etats. On n’en veut pour preuve le Togo, où à la Société Nationale des Phosphates du Togo (SNPT), par exemple les conditions de vie et de travail se dégradent au quotidien avec pour corollaire plus de 15 décès enregistrés durant l’année en cours. La situation devient préoccupante au Conseil du travail et du dialogue social de l’UEMOA qui s’active pour « arrêter l’hémorragie ».
Selon les différents panélistes au FSSTT 2018, le travail décent et le développement durable dans les secteurs miniers dans l’UEMOA n’est toujours pas une réalité.
Que ce soit au Togo ou au Burkina-Faso en passant par le Niger, la Guinée ou encore la Mauritanie, les quatre piliers du travail décent à savoir l’emploi, les droits des travailleurs, la protection sociale et le dialogue social laissent encore à désirer.
Concernant les droits des travailleurs, on note que généralement en termes de conventions, plusieurs textes sont ratifiés. Malheureusement, la mise en œuvre de ces normes touche seulement une minorité d’entreprises et de travailleurs. La capacité de l’administration de l’emploi et de l’inspection du travail pour faire respecter la législation est très faible.
En protection sociale, le Nigérien Mamadou Sako informe que dans son pays, seulement 3% de la population bénéficie de la protection sociale. Il ajoute que dans la loi de finances 2018, il n’a été consacré que 5,73% pour la santé, et 0,04% à la protection sociale et l’application des normes du travail.
Au Togo la situation n’est pas non plus reluisante. Même si nous ne disposons pas de chiffres pour attester l’exécrable condition de vie des travailleurs, les réalités sur le terrain en disent long.
« Nous sommes très loin d’être au bout de nos peines… Depuis des années que nous menons la lutte syndicale relative à l’amélioration des conditions de vie de nos camarades à la SNPT, on se rend que compte que les choses s’empirent au quotidien. Aujourd’hui, dans le 11è mois de 2018 nous comptons 17 employés décédés» a déploré Egbowou Poro, Secrétaire général du Syndicat National des Mineurs du Togo.
L’UEMOA a conscience de la situation
A l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), on pense que les violations des droits de l’homme dans les secteurs miniers se justifient par la recherche du profit personnel des employeurs.
Pour y remédier, l’institution reste attentive aux recommandations de la 6è édition du Forum Solidarités Sociales des Travailleurs/euses du Togo (FSSTT) pour se pencher efficacement sur la question. Elle est représentée à ce rendez-vous syndical par son secrétaire permanent de Conseil du Travail et du dialogue social.
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Dr Birane Thiam indique que l’UEMOA entend sensibiliser et réaffirmer la dignité de l’homme dans le processus du travail décent en Afrique et montrer aux uns et aux autres que les ressources naturelles d’un pays doivent être partagées avec tous les citoyens du pays, y compris les générations futures
Il précise que l’UEMOA n’est pas une agence d’exécution, elle respecte le principe de souveraineté détenu par les Etats. Du coup, elle ne peut pas se substituer aux autorités et décider à leur place.
« Mais je vous dis que le Conseil a préparé un cadre réglementaire qui sera vulgarisé dans tous les pays concernés », a –t-il nuancé
Dr Thiam pense que pour venir à bout de l’exploitation abusive et illégale des ressources naturelles par les multinationaux, cause de la violation des droits des travailleurs, il faut se doter de la technologie.
« Le fond du problème c’est que les ressources naturelles que nous avons sont en manque de technologie. Si on a la technologie pour les exploiter on pourrait se passer volontiers des étrangers. Même la main d’œuvre qualifiée pose parfois des problèmes. Pour résoudre le problème, il faut revoir les contrats y inclus les besoins de technologie pour que le pays ait avec le temps une autonomie technologique », a conclu le Secrétaire permanent du Conseil de travail et du dialogue social.