Le ministre togolais des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine, président du Conseil des ministres de la CEDEAO est revenu lundi sur les conclusions du sommet de l’organisation qui s’est déroulé samedi à Lomé. Prof. Robert Dussey se prononce principalement sur le dossier bissau-guinéen et sur les avancées communiquées à l’issue du huis clos des chefs d’Etat et de gouvernement présents Samedi.
Les dirigeants ouest-africains réunis samedi à Lomé ont décidé de proroger le mandat de la mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau jusqu’au 30 juin 2018. La conférence des Chefs d’Etat a également encourage le PAIGC et PSR, le deux partis politiques majeurs du pays à poursuivre le dialogue de sortie de crise. Par ailleurs, il a été recommandé la tenue des élections législatives le 18 novembre. Un Premier Ministre de consensus en la personne d’Aristides Gomes a été nommé et un décret présidentiel sera pris dans ce sens le 17 avril. Le 19 avril, le Parlement sera aussi ouvert pour statuer sur la nomination des membres de la commission électorale et de la prorogation de la législature.
Dans l’interview ci-après, Robert Dussey, qui a conduit ces derniers mois, plusieurs missions de la CEDEAO dans le pays, revient sur comment la CEDEAO s’y est prise pour concilier les positions des parties en conflit. Il revient également sur la mission confiée au comité de suivi mis en place par la Conférence des chefs d’Etat.
Togo Breaking News : On s’achemine progressivement vers une sortie de crise en Guinée-Bissau, avec cette nouvelle feuille de route, notamment la nomination du nouveau Premier ministre. Une victoire pour la diplomatie togolaise, notamment les actions du chef de l’Etat à la tête de la CEDEAO ?
Robert Dussey : La Guinée-Bissau vient de franchir un pas très important grâce aux actions conjuguées de la CEDEAO, et à la détermination de son Président en exercice, SEM Faure Essozimna GNASSINGBE. En vérité, la victoire dont vous parlez est devant nous, elle sera celle des Bissau-guinéens qui ne demandent que la paix, la stabilité et le développement. Elle sera enfin, celle de la CEDEAO, notre organisation commune !
Comment avez-vous pu réaliser cet exploit, car c’est vous qui avez conduit la plupart des missions de la CEDEAO ces derniers mois ?
Je pense que depuis presque 3 ans, tous les acteurs Bissau-guinéens (hommes, femmes, religieux, anciens combattants, sages, jeunes, société civile) avaient besoin d’être écouté ; c’est bien ce que nous avions fait durant nos missions !
Evidement, il était important pour la CEDEAO de comprendre l’environnement politique de ce pays frère et surtout de rappeler, de sensibiliser tous ces acteurs à leur responsabilité morale et politique vis-à-vis du peuple Bissau-guinéen et de son avenir.
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Au fond, cet exploit vient de la classe politique Bissau-guinéenne, et du Président José Mario VAZ, qui ont pu durant ces longues et périlleuses négociations surmonter leurs divergences.
Nous devons les féliciter tous et les encourager à œuvrer tous pour une paix durable en Guinée-Bissau.
Quelle sera la mission de ce comité de suivi mis en place par la Conférence des chefs d’Etat ?
Le Comité de suivi, composé du chef de l’Etat guinéen et médiateur de la CEDEAO, Alpha Condé, de son homologue togolais et président en exercice de la CEDEAO, Faure Essozimna GNASSINGBE, et du président de la Commission de l’organisation régionale, Jean-Claude Brou, prendra toutes les dispositions idoines pour la mise en œuvre de cette feuille de route, notamment la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre, Aristides GOMES qui vient d’être nommé, la réouverture du parlement, la nomination des membres de la Commission nationale électorale et l’organisation des élections législatives en novembre 2018.
Le Président de la République Togolaise et la CEDEAO sont entièrement disposés à accompagner la Guinée-Bissau à retrouver la paix, la stabilité qui sont des priorités cruciales pour notre sous-région.