En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle a lieu en octobre prochain. La période pré-électorale est tendue pour un scrutin qui s’annonce disputé. Se prononçant sur le processus en cours, la France tente de maintenir un délicat équilibre entre vigilance diplomatique et respect de la souveraineté.
Auditionné le 20 mai dernier par la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est exprimé sur les différentes crises internationales, et notamment sur la situation socio-politique ivoirienne.
Le climat préélectoral s’est crispé à Abidjan, alimenté par des désaccords persistants entre le pouvoir et l’opposition sur la liste électorale. C’est dans ce contexte que le chef de la diplomatie française a tenu à rappeler l’attachement de la France à un processus démocratique apaisé, sans toutefois s’ingérer dans les affaires internes du pays.
Soutien de la France au processus démocratique
« La France et la Côte d’Ivoire sont liées par un partenariat ancien, dense et dynamique », a rappelé d’emblée Jean-Noël Barrot, insistant sur la profondeur des relations bilatérales. « Nous soutenons tous les efforts en faveur d’un processus électoral inclusif, transparent et apaisé », a-t-il déclaré devant les parlementaires français, soucieux de connaître la position de l’Hexagone à l’approche du scrutin ivoirien prévu en octobre.
Conscient des accusations récurrentes d’ingérence occidentale dans les affaires africaines, le ministre a pris soin de nuancer son propos : « Nous entretenons un dialogue avec toutes les forces politiques et la société civile de Côte d’Ivoire et nous suivons avec attention la situation, sans ingérence et sans indifférence. »
Jean-Noël Barrot a ainsi esquissé une posture d’équilibre : « Sans ingérence, parce que nous respectons la souveraineté de nos partenaires comme nous exigeons qu’ils respectent la nôtre. Sans indifférence, car nous avons avec la Côte d’Ivoire des liens anciens étroits, des intérêts qui font que nous suivons avec attention ce qui se passe dans ce pays. »
Une déclaration qui, si elle se veut rassurante, rappelle aussi que la France observe de près les soubresauts politiques en Côte d’Ivoire, où la recomposition du paysage politique, les tensions sur l’inclusivité du processus électoral et la fracture persistante entre le parti présidentiel et les formations de l’opposition alimentent un climat de méfiance.
La révision de la liste électorale, un point sensible
Interrogé sur la révision de la liste électorale, point de discorde majeur entre le pouvoir et ses opposants, Jean-Noël Barrot a botté en touche, estimant que cette question relève « de la responsabilité des institutions ivoiriennes ».
Un renvoi à la souveraineté qui intervient alors que plusieurs formations politiques, notamment le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA, contestent les modalités de la révision en cours, accusant la Commission électorale indépendante de partialité. Le RHDP, parti au pouvoir, de son côté, défend la légalité et la transparence du processus en cours.
Si Paris se garde de commenter ouvertement les débats internes ivoiriens, les propos du ministre traduisent une volonté d’éviter toute dérive autoritaire ou crise préélectorale majeure susceptible de déstabiliser un allié régional stratégique. Premier partenaire économique de la France en Afrique de l’Ouest francophone, la Côte d’Ivoire est aussi au cœur du dispositif sécuritaire régional, notamment dans le cadre de la lutte contre les menaces jihadistes au nord du pays.
Dans un climat où les relations entre la France et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest se sont dégradées — en particulier avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger — la stabilité de la Côte d’Ivoire apparaît plus que jamais comme un enjeu diplomatique majeur, pour Paris.
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