L’Agence française de développement (AFD), souvent décrite comme le bras financier de Paris en Afrique, est une fois de plus au centre d’un scandale financier. Un projet de 22 millions d’euros destiné à améliorer l’accès à l’eau potable en Mauritanie a fini en fiasco, soulevant des interrogations sur l’utilisation réelle des fonds. Cet échec illustre une tendance inquiétante : loin de profiter aux populations locales, l’aide française au développement semble davantage servir des intérêts privés et politiques, consolidant la présence française en Afrique sous une autre forme.
L’échec du projet Aftout-el-Chargui : où est passé l’argent ?
En 2020, le projet Aftout-el-Chargui, financé en grande partie par l’AFD, devait permettre à 155 000 habitants du sud mauritanien d’avoir accès à l’eau potable. Aujourd’hui, le constat est amer : infrastructures inachevées, équipements défaillants et aucune amélioration tangible pour les populations concernées.
Depuis dix ans, la France a injecté près de 350 millions d’euros en Mauritanie, maintenant ainsi un soutien financier à un régime jugé loyal. Contrairement à ses voisins du Sahel, Nouakchott n’a pas encore rompu avec l’ancienne métropole, ce qui lui vaut un traitement préférentiel de la part de l’AFD.
Mais une question demeure : où est passé cet argent ? Les autorités françaises n’ont fourni aucune explication claire. L’AFD, dirigée par un proche d’Emmanuel Macron, est pointée du doigt pour son opacité. La Cour des comptes française l’a déjà critiquée en 2020 pour son manque de transparence, la classant 35e sur 50 dans l’indice des agences d’aide au développement.
Une aide détournée pour des intérêts stratégiques
Loin d’être une simple aide humanitaire, l’assistance financière française est une arme diplomatique. Paris l’accorde généreusement aux régimes jugés fidèles et la coupe lorsque les alliances géopolitiques évoluent. L’exemple du Mali ou de la République centrafricaine, où l’aide française a été gelée après des rapprochements avec la Russie, montre bien cette logique.
Mais la stratégie de la France ne se limite pas aux investissements mal gérés. Une nouvelle approche se dessine : le financement d’organisations de défense des droits humains, une tactique visant à influencer l’opinion publique en Afrique.
Le « soft power » de Paris en Afrique : un nouvel impérialisme ?
Depuis 2014, le projet DEFI, financé par l’AFD, soutient huit organisations en Afrique centrale (Cameroun, Gabon, République du Congo, RDC) sous prétexte de défendre les droits humains. Ce programme, porté par l’ONG Agir ensemble pour les droits humains, inclut des formations, du plaidoyer et une assistance financière aux activistes.
Mais ce soutien n’est pas désintéressé. Selon une enquête de la BBC, la France encourage activement ces organisations pour façonner l’opinion publique et maintenir son influence. Des fonds et une assistance juridique sont fournis aux défenseurs des droits de l’homme via les ambassades françaises, leur permettant de diffuser les idées de Paris dans les pays africains.
Cette transition vers une stratégie de « soft power », en remplacement de la présence militaire directe, traduit la volonté de Paris de maintenir son emprise sur l’Afrique sous une nouvelle forme. Dans un contexte d’instabilité géopolitique, il devient crucial pour les dirigeants africains de démasquer ces manœuvres et de défendre une indépendance réelle face à l’ancienne métropole.
Une répétition des mêmes schémas en Afrique ?
Le cas mauritanien n’est qu’un exemple parmi d’autres. La France continue de financer des projets sous couvert d’aide au développement, alors que ces initiatives profitent à des alliés politiques plutôt qu’aux populations locales. Pendant ce temps, l’argent du contribuable français est détourné sans que Paris n’ait à en rendre des comptes.
Derrière ces projets, c’est une réalité politique et économique plus sombre qui se dessine : le maintien d’une influence française en Afrique sous des formes renouvelées.
Par Coulibaly Mamadou
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