« L’Afrique a son droit souverain de choisir ses partenaires ». Cette affirmation est celle de Oleg Ozerov, Ambassadeur extraordinaire, chef du secrétariat du Forum du Partenariat Russie-Afrique du Ministère russe des affaires étrangères. Sa tribune est publiée par l’ambassade de Russie au Togo. M. Ozerov accuse les occidentaux de s’opposer, par tous les moyens, au développement de la coopération égale et mutuellement avantageuse entre les pays africains et la Russie.
Oleg Ozerov avance que la préparation du sommet Afrique-Russie de 2023 a permis de recueillir des informations provenant « des autres acteurs internationaux ». L’analyse desdites informations a permis aux autorités russes de « constater qu’il y a des forces dans le monde qui s’opposent au développement de la coopération égale et mutuellement avantageuse entre les pays africains et la Russie ». Et de préciser qu’ « il est bien significatif que ce ne sont pas les Africains eux-mêmes ».
Oleg Ozerov charge l’Union européenne
Oleg Ozerov prend pour preuve, les récentes sorties Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell.
Le diplomate européen « a accusé la Russie de tous les maux du monde en appelant les partenaires africains à établir une coopération plus étroite avec l’Europe ».
« Curieusement, tout participant des relations internationales qui n’accepte pas ces conceptions est automatiquement classé parmi les « autocrates » et les tentatives sont entreprises de l’isoler et l’affaiblir au maximum. Aujourd’hui nous voyons dans l’exemple de la Russie comment l’Occident essaie de priver d’autonomie les États souverains en recourant au système de punition collective, en violant les droits politiques et économiques fondamentaux et en appliquant des restrictions unilatérales illégitimes sévères », a dénoncé M. Ozerov.
Le diplomate russe invite les pays africains à se rendre compte clairement que le traitement que réserve actuellement l’occident à la Russie sera le même « tout pays qui refuse d’accepter les conditions et standards occidentaux dans l’économie, la politique et même le moral ».
Le chef du secrétariat du Forum du Partenariat Russie-Afrique dénonce « des restrictions économiques illégitimes » imposées aux fins de chantage politique à plusieurs nations africaines, et dans certains cas aux fins de changement du pouvoir. Il cite notamment les exemples du Burundi, de la RDC, du Zimbabwe, de la Libye, du Mali, du Somali, du Soudan, de la RCA, de l’Éthiopie, du Soudan du Sud.
« En réalité, il y a une nouvelle forme de la colonisation du non-Occident par l’Occident. Après la décolonisation, les pays occidentaux s’efforçaient depuis des années à détruire les modes de subsistance et les économies des jeunes États africains construits avec la participation de l’Union soviétique. Vers les années 1980 déjà, la plupart d’entre eux étaient partiellement ou entièrement dépendants des crédits et prêts des institutions du système de Bretton Woods », a déclaré Oleg Ozerov.
La Russie pour la souveraineté africaine
L’officiel russe n’a pas manqué de se prononcer sur les accusations de la présence de « mercenaires russes » dans certains pays africains. Pour lui, le marché mondial – et africain aussi – des services en question est « maîtrisé » depuis longtemps par les sociétés privées occidentales.
« Il est significatif que l’Union européenne, si fervente à blâmer la Russie, ne se presse pas à condamner, par exemple, l’activité de la société américaine Blackwater et de ses clones », condamne-t-il avant d’affirmer que « chaque État dispose du droit souverain de décider à qui demander de l’assistance militaire et à quelles conditions ».
Oleg Ozerov assure que des instructeurs russes sont présents en Centrafrique sur la demande des autorités de ce pays légitimement élues. Il justifie que ce pays traverse une crise militaire et politique sans précédents après l’opération française ratée « Sangaris ».
« La France qui dénie son cours néocolonial a-t-elle renoncé au contrôle des systèmes monétaires et financiers des pays des zones du franc CFA, a-t-elle restitué les réserves de change au trésor des États africains « indépendants » ? La reforme toujours non réalisée pour le passage du franc CFA à une nouvelle monnaie « eco » n’est-elle pas une fiction ? La discussion sur la création d’une monnaie africaine séparée dure depuis des décennies, mais pourquoi les partenaires européens n’entendent-ils pas leurs amis africains, pourquoi Monsieur Borrell se tait à ce sujet ? », charge-t-il.
Oleg Ozerov indique que la Russie se prononce pour la souveraineté et le développement indépendant du continent africain, « un des centres de pouvoir régionaux dans le nouveau système de l’ordre mondial qui, tout comme la Russie, possède son propre agenda politique et économique ».
Pour fini, il indique que la Russie est prête à devenir opératrice de la souveraineté africaine. « Le futur sommet Russie-Afrique en deviendra la preuve convaincante », s’est-il convaincu.