L’Union internationale de la presse francophone (UPF) monte au créneau. Dans un communiqué publié cette semaine, l’organisation s’est dite « vivement préoccupée » par l’émission d’un mandat d’arrêt international visant Madiambal Diagne, journaliste sénégalais et président honoraire de l’UPF. Par la même occasion, ses avocats dénoncent par le biais d’un autre communiqué, une procédure politique visant à faire taire un journaliste critique.
Pour l’organisation, cette procédure s’inscrit dans une « persécution persistante » marquée par des pressions, intimidations et poursuites judiciaires exercées depuis plusieurs mois à l’encontre de la figure médiatique, connue pour son franc-parler et ses prises de position tranchées. L’UPF estime que cette situation traduit une volonté manifeste de réduire au silence une voix critique et indépendante, en violation des principes fondamentaux de la liberté d’expression.
« Nous appelons les autorités compétentes à garantir un traitement juste et équitable de cette affaire », a insisté l’organisation, exhortant les institutions internationales et les défenseurs de la liberté de la presse à rester mobilisés face à ce qu’elle qualifie d’« acharnement ».
Affaire Madiambal Diagne ou une cabale politique
Le dossier Madiambal Diagne prend une tournure de plus en plus politique. Selon le collectif de ses avocats, le 29 septembre 2025, le doyen des juges d’instruction du pool judiciaire financier de Dakar a ordonné le placement sous mandat de dépôt de l’épouse du journaliste, Mabintou Diaby, ainsi que de ses fils, Serigne Saliou et Mohamed Diagne.
Cette décision, intervenue à la suite d’une enquête de la Brigade antiterroriste de la Division des investigations criminelles (BAT-DIC), découle d’un réquisitoire du parquet financier en date du 28 août 2025. Or, d’après la défense, certains membres de la famille Diagne ne figuraient même pas dans ledit réquisitoire.
Pour les avocats du journaliste sénégalais, cette procédure révèle une instrumentalisation politique de la justice sénégalaise. Ils y voient une stratégie d’intimidation visant à atteindre le journaliste par le biais de sa famille, un fait inédit au Sénégal.
« L’utilisation évidente de la famille de M. Diagne comme moyen de pression ne doit faire l’objet d’aucun doute », ont-ils dénoncé, fustigeant une « vendetta judiciaire » destinée à faire taire un journaliste sénégalais proche de l’ancien président Macky Sall.
Un mandat d’arrêt international contesté
Selon les éléments fournis par la défense, Madiambal Diagne aurait été empêché d’embarquer pour Paris le 23 septembre, avant qu’un mandat d’arrêt international ne soit émis à son encontre trois jours plus tard. Depuis, le journaliste se trouverait en France, où il dit vouloir organiser sa défense.
Ses avocats ont saisi Interpol pour demander la suspension ou l’annulation de la notice rouge, arguant du caractère éminemment politique de la procédure. Ils pointent également du doigt le rapport de la CENTIF, à l’origine des poursuites, jugé « unilatéral et non contradictoire », et estiment que les fondements mêmes du dossier remettent en cause les principes élémentaires du procès équitable.
Figure influente du paysage médiatique sénégalais, Madiambal Diagne dirige le groupe de presse Avenir Communication, qui édite notamment le quotidien « Le Quotidien ». Connu pour ses chroniques incisives, il s’est souvent attiré les foudres du pouvoir comme de l’opposition.
Son exil forcé, s’il se confirmait, constituerait un nouvel épisode inquiétant pour la liberté de la presse dans un pays longtemps présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest.
À Dakar comme à Paris, plusieurs organisations professionnelles et ONG de défense des droits humains suivent de près l’évolution de cette affaire, perçue comme un test de l’indépendance de la justice sénégalaise sous le nouveau régime.
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