Au Togo, la recomposition politique se poursuit dans la foulée de la nomination du nouveau gouvernement. La publication, mercredi, de la nouvelle équipe conduite par le président du Conseil, Faure Gnassingbé, a révélé une évolution inattendue : Kodjo Adedze, jusque-là président de l’Assemblée nationale, devient ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme. Une nomination synonyme de départ de la tête de la première chambre du Parlement. Ce qui fait couler assez de salive.
Cette décision de Faure Gnassingbé, au-delà de la simple redistribution des portefeuilles, ouvre un nouvel enjeu institutionnel au sein de la première chambre du Parlement : l’élection imminente d’un nouveau président de l’Assemblée nationale.
Une transition précipitée ou un équilibre à préserver
Kodjo Adedze a dirigé l’Assemblée nationale dans un contexte de transition vers la Ve République. Son départ avant la fin de la mandature fait de lui le premier président de l’Assemblée nationale à voir son mandat écourté depuis l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé.
Mais au-delà des considérations administratives, la lecture politique de ce remaniement renvoie à la géopolitique nationale. Originaire de Kovié, dans la préfecture de Zio, Adedze présidait encore le Parlement lorsque, le 3 mai 2025, les deux chambres réunies en congrès ont élu Jean-Lucien Savi de Tové — natif de Mission Tové, localité voisine — comme président de la République et chef de l’État.
Depuis cette élection, plusieurs observateurs estimaient qu’un réajustement politique dans la zone du Zio était probable, afin de rééquilibrer la représentation régionale au sommet des institutions. Dans un pays où la géographie politique demeure un paramètre central, la concentration de deux figures majeures du pouvoir exécutif et législatif dans la même aire d’origine pouvait apparaître comme un déséquilibre.
« Il ne fait pas bon être président de l’Assemblée nationale lorsque le chef de l’État vient de votre propre localité », commente, sous couvert d’anonymat, un analyste politique togolais.
Succession de Kodjo Adedze ouverte
Les regards se tournent désormais vers l’Assemblée nationale, où l’élection du nouveau président pourrait intervenir dans les tous prochains jours. Si l’on se réfère à la tradition togolaise d’équilibres régionaux, le futur titulaire du perchoir pourrait provenir des Plateaux ou de la Région centrale, afin de préserver la diversité des représentations institutionnelles.
En effet, le Président du Conseil est issu de la Région de la Kara, le président du Sénat de la Région des savanes, le Président de la République de la Région maritime. Il reste évidemment ces deux régions qui n’ont pas encore de représentation à la tête d’une grande institution.
Cependant, rien n’est joué. Les observateurs avertis rappellent que Faure Gnassingbé a souvent su déjouer les pronostics en optant pour des profils inattendus, loin des équations purement régionales.
À Lomé, les tractations ont déjà commencé, entre les couloirs de l’hémicycle et les ambitions pourraient naître au sein du parti majoritaire, l’Union pour la République (UNIR). Mais comme souvent sous la Ve République naissante, le président du Conseil pourrait, une fois encore, surprendre en dessinant un équilibre politique à sa manière.
Rejoignez-nous sur notre chaîne WhatsApp pour plus de détails



