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‘Trop, c’est trop’ : Laurent Gbagbo lance un mouvement à 6 mois de la présidentielle

Didier ASSOGBA
4 Min Read
Laurent Gbagbo

En appelant à la création d’un mouvement apolitique de protestation, l’ancien chef de l’État ivoirien entend occuper le terrain social. Laurent Gbagbo relance son influence à l’approche d’un scrutin présidentiel sous haute tension.

Réuni ce samedi 26 avril 2025 au siège du PPA-CI à Abidjan, le Comité central du parti fondé par Laurent Gbagbo a validé un nouveau jalon de sa stratégie préélectorale : la création du mouvement « Trop, c’est trop », confiée à Sébastien Danon Djédjé, président exécutif du parti.

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Derrière l’affichage d’une initiative « citoyenne » et « apolitique », Laurent Gbagbo cherche à canaliser le mécontentement social grandissant face aux difficultés économiques, à l’injustice foncière et au chômage massif des jeunes. Autant de maux qu’il n’a pas manqué de rappeler devant ses partisans.

Une contestation « multiforme »

« Si on te casse ta maison, on te prend ton terrain, ton enfant est diplômé mais n’a pas de travail… Trop, c’est trop », a martelé l’ancien président devant un Comité central conquis. Selon lui, ce mouvement puisera son énergie dans les frustrations quotidiennes de la population, et doit offrir une plateforme pour « donner la parole à ceux qui veulent se plaindre des méfaits de la politique en Côte d’Ivoire ».

Laurent Gbagbo a insisté : il ne s’agit pas d’un regroupement partisan ou d’une nouvelle coalition électorale, contrairement à ce qu’avaient interprété certains membres de l’opposition après un précédent appel lancé à Bonoua. « C’est une protestation multiforme et permanente », a-t-il précisé sous les applaudissements nourris des militants.

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Dans un contexte politique marqué par les déboires judiciaires de Tidjane Thiam, radié des listes électorales, Laurent Gbagbo a également affiché sa solidarité envers le PDCI-RDA.

« Nous ne laisserons pas le PDCI mourir s’il a des problèmes, parce que c’est une expression politique en Côte d’Ivoire », a-t-il affirmé, insistant sur le fait que ce soutien n’était motivé par aucun calcul électoral.

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Le président du PPA-CI a ainsi réaffirmé sa volonté de préserver la diversité politique ivoirienne, alors même que son propre avenir politique reste incertain, sa radiation électorale de 2018 n’ayant toujours pas été levée.

Laurent Gbagbo et la tentation de la rue

Toujours en retrait des négociations politiques officielles, Gbagbo a laissé entendre que des discussions étaient en cours, sans en préciser la nature ni les interlocuteurs. « Ceux qui sont au pouvoir, demandez-leur de m’appeler », a-t-il glissé, avant d’ajouter, sibyllin : « On prendra les rues un jour, mais ce n’est pas quand ton adversaire t’attend dans la rue que tu vas le trouver. »

Un avertissement à peine voilé alors que les tensions s’aiguisent à l’approche de l’échéance présidentielle d’octobre 2025.

En parallèle, l’ancien président a dénoncé des actes d’intimidation à son encontre, évoquant une descente policière dans ses bureaux le matin même, dénonçant « de la petite trouille, de la petite peur ».

Avec « Trop, c’est trop », Laurent Gbagbo tente de fédérer un mécontentement diffus dans une dynamique citoyenne capable de peser sur la présidentielle sans s’exposer directement aux contraintes électorales qui le frappent. Mais entre les incertitudes judiciaires, les rivalités internes à l’opposition, et une scène politique verrouillée par le pouvoir, le pari reste hautement périlleux.

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