À Lomé, les remous politiques autour de la réélection du maire d’opposition Jean-Pierre Fabre ne faiblissent pas. Près d’une semaine après le scrutin municipal, les débats s’enflamment autour de la composition de la majorité qui l’a reconduit à la tête de la commune du Golfe 4. Au niveau du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), on soutient avoir contribué à son élection. Une thèse que l’Alliance nationale pour le changement (ANC) rejette fermement, pointant une campagne visant à fragiliser l’opposant historique.
Jeudi, sur les ondes de Victoire FM, Kwami Manti, secrétaire général adjoint de l’ANC, a tenu à remettre les pendules à l’heure. Selon lui, les rumeurs selon lesquelles Jean-Pierre Fabre aurait bénéficié de voix favorables venues d’UNIR relèvent d’une “manœuvre politique visant à ternir son image”.
« Chaque leader sérieux se doit de préparer sa majorité en vue de son élection. C’est ce que Jean-Pierre Fabre a eu à faire en regroupant des partis et mouvements indépendants proches de l’opposition », a-t-il expliqué.
Selon M. Manti, la majorité en faveur du maire de Golfe 4 s’était déjà constituée dès la proclamation des résultats municipaux, autour de douze conseillers acquis à la cause de l’opposition. Le vote, secret, aurait donc laissé peu de place à une quelconque influence extérieure.
Une stratégie d’intoxication politique ?
Pour ce responsable de l’ANC, les accusations ne seraient pas le fruit du hasard. Il évoque une stratégie du parti au pouvoir pour semer la confusion dans l’opinion. « UNIR a tenté de constituer une majorité sans succès. Constatant son échec, il a cherché à faire croire que Jean-Pierre Fabre leur doit sa victoire. C’est une tactique pour brouiller les repères et décrédibiliser notre leader », estime-t-il.
Des scénarios similaires auraient déjà été observés dans d’autres communes du Grand Lomé, notamment Agoè-Nyivé 1 et Golfe 5, où des élus de l’ANC ont obtenu des postes d’adjoint au maire. Pour M. Manti, ces “gestes d’ouverture” apparents du parti au pouvoir viseraient surtout à façonner un récit politique trompeur, préparant le terrain pour affaiblir l’opposition.
« L’élection de nos camarades Sévérin Dra et Jean Eklou servait à accréditer l’idée d’un parti UNIR ouvert et tolérant. Mais derrière cette mise en scène, le but reste le même : salir Jean-Pierre Fabre », insiste-t-il.
Fabre, un opposant toujours sous surveillance
Figure centrale de la vie politique togolaise depuis plus d’une décennie, Jean-Pierre Fabre continue d’incarner une opposition tenace face au pouvoir du président du conseil, Faure Gnassingbé. Ses prises de position tranchées et son ancrage local, notamment dans le Golfe 4, font de lui une cible privilégiée dans les batailles politiques locales.
Kwami Manti affirme enfin que, contrairement aux insinuations, c’est plutôt UNIR qui aurait cherché à négocier des postes d’adjoints avec le maire. Une proposition que Jean-Pierre Fabre aurait refusée. « Il leur a dit que l’exécutif de la mairie n’était pas à négocier. S’il a la majorité, tant mieux ; sinon, ce n’est pas la fin du monde », rapporte-t-il.
Dans un pays où la frontière entre politique nationale et gestion locale demeure poreuse, l’affaire du Golfe 4 illustre à quel point les luttes d’influence se jouent désormais à tous les niveaux du pouvoir.
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