Alors que son parti enregistre une série de départs remarqués, Jean-Pierre Fabre, figure de proue de l’opposition togolaise, rompt le silence. Loin de se montrer inquiet, le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) voit dans ces défections la preuve que sa formation politique reste au cœur du jeu politique togolais – et donc sous pression.
Ce samedi 12 avril à Lomé, devant un parterre de militants rassemblés au siège du parti à l’occasion d’une séance de remobilisation du Grand-Lomé, le maire de Golfe 4 a livré une lecture tranchée des récents départs de cadres de son parti. Sans jamais les nommer, Jean-Pierre Fabre dénonce des « manœuvres de déstabilisation » orchestrées, selon lui, depuis les sphères du pouvoir.
« L’ANC fait son travail d’opposition réelle. Le reste ne doit pas nous impressionner ni nous intimider », a-t-il lancé, acclamé par les militants.
Jean-Pierre Fabre : Entre fidélité et résistance
Pour le président de l’ANC, les départs sont le reflet de la vitalité d’un parti qui, malgré les revers, refuse de s’aligner.
« Ces manœuvres montrent que le pouvoir n’est pas tranquille avec l’ANC. Nous sommes debout pour affronter toutes les tentatives de déstabilisation », a-t-il martelé.
Dans un contexte politique marqué par une recomposition partielle des forces d’opposition, la formation fondée en 2010 par d’anciens membres de l’UFC entend maintenir le cap. Malgré les secousses internes, Fabre se veut rassurant, saluant au passage « la fidélité et la mobilisation des militants ». Les cadres régionaux, responsables de fédérations et des sous-sections ont été chaleureusement félicités pour leur engagement sur le terrain.
Ce travail de terrain, le parti entend le renforcer à l’approche du prochain grand rassemblement de l’opposition : un meeting prévu à Akassimé, le 27 avril, jour symbolique de l’indépendance du Togo. Une date à haute valeur politique pour l’ANC.
Critique du processus électoral
Mais au-delà des turbulences internes, Jean-Pierre Fabre a surtout voulu replacer le débat sur un autre terrain : celui des règles du jeu électoral. Très critique envers les mécanismes mis en place par le pouvoir, il accuse ouvertement les autorités de verrouiller le système.
« Tous les processus électoraux sont organisés pour faire en sorte que l’opposition ne participe pas aux élections. Et c’est ce qu’on a encore constaté avec la révision des listes », a-t-il déclaré.
Le leader de l’ANC estime que l’opposition togolaise est systématiquement marginalisée à travers des pratiques qu’il qualifie de « stratégiques et délibérées », notamment lors de la révision des listes électorales – étape clé à l’approche des élections locales ou nationales.
Si l’ANC apparaît affaiblie par les départs de certains de ses cadres historiques – dans un climat où les ralliements au parti au pouvoir UNIR se multiplient – Jean-Pierre Fabre veut incarner la résistance et l’intransigeance. Dans une opposition divisée, où plusieurs figures peinent à exister politiquement sur le long terme, l’ex-chef de file de l’opposition n’entend pas abandonner.
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