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Guinée-Bissau : Encore un Coup d’État contre Umaro Sissoco déjoué

Didier ASSOGBA
4 Min Read
Umaru Sissoco Embalo

À moins de 24 heures de l’ouverture officielle de la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 23 novembre, la Guinée-Bissau a frôlé une nouvelle crise majeure. Vendredi, les autorités militaires ont annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État visant à « interrompre le processus électoral ». Plusieurs officiers supérieurs, dont un général de brigade, ont été arrêtés, tandis que d’autres seraient encore en fuite.

Dans un communiqué sobre mais ferme, le vice-chef d’état-major des armées, le général Mamadu Turé, a confirmé que « des éléments au sein de l’armée ont tenté de renverser l’ordre constitutionnel à la veille d’un scrutin crucial ». Il n’a toutefois pas précisé le nombre exact d’interpellés ni les détails opérationnels du complot. Le seul nom officiellement cité est celui du général de brigade Daba Nawalna, directeur d’un centre de formation militaire situé à une trentaine de kilomètres de Bissau.

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Le président Umaro Sissoco Embaló, en poste depuis 2020, a immédiatement réagi. « L’enquête est en cours. Tout est sous contrôle », a-t-il déclaré, sans toutefois apparaître en public. Son intervention vise à rassurer une opinion publique habituée aux soubresauts politico-militaires, mais aussi à envoyer un message clair aux forces armées.

Pourtant, le contexte est particulièrement tendu. La présidentielle du 23 novembre se déroulera sans la participation du PAIGC, le parti historique de l’indépendance, ni de son leader Domingos Simões Pereira, principal opposant au chef de l’État. Ce dernier a été disqualifié par la Cour suprême en septembre, une décision contestée par une large partie de l’opposition et plusieurs partenaires internationaux, qui y voient une manœuvre politique pour affaiblir la concurrence.

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La Guinée-Bissau, un pays marqué par l’instabilité chronique

La Guinée-Bissau, indépendante du Portugal depuis 1974, reste l’un des pays les plus instables d’Afrique de l’Ouest. Depuis son indépendance, elle a connu quatre coups d’État avérés, dix-sept tentatives de putsch et une succession quasi ininterrompue de gouvernements fragiles. L’armée, souvent perçue comme un acteur politique à part entière, intervient régulièrement dans les affaires civiles, notamment lors des crises entre le président et le Premier ministre. Il s’agit là d’un héritage du système semi-présidentiel instable et des rivalités ethniques et régionales.

« Nous n’allons jamais permettre à qui que ce soit de perturber le processus électoral », a martelé le général Turé, ajoutant que « si des civils sont impliqués, ils seront également arrêtés ». Une déclaration qui laisse planer le doute sur l’ampleur réelle du complot et les éventuelles connexions entre militaires et acteurs politiques.

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L’ouverture de la campagne électorale, prévue samedi 1er novembre, se fera donc dans un climat de méfiance et d’incertitude. Si le gouvernement assure que les élections se tiendront « dans les délais », les observateurs redoutent des violences, des manipulations institutionnelles ou même une nouvelle intervention militaire en cas de contestation post-électorale.

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