À la suite des audiences publiques tenues le 27 août avec les acteurs économiques et sociaux de la Gambie à Banjul, des députés de la CEDEAO se sont rendus ce 29 août à la frontière entre la Gambie et le Sénégal. Dans la localité d’Amdallai (Gambie), la délégation des parlementaires a pu évaluer le niveau de mise en œuvre du protocole de la libre circulation des personnes et des biens.
Au poste frontalier de Karang-Amdalai, les parlementaires de la CEDEAO ont eu une séance interactive avec les agents de sécurité des deux pays. Cette démarche visait à identifier les problèmes entravant la bonne application des protocoles de libre circulation du bloc régional. Lors de la réunion publique avec les syndicats de commerçants, les syndicats de transporteurs, les femmes du marché et les citoyens de la CEDEAO en Gambie, plusieurs plaintes portaient sur des extorsions de fonds et d’autres abus, y compris des refus d’entrée aux frontières.
Priorité à la sécurité des populations
Devant les parlementaires de la CEDEAO, Aly Diasse, le commissaire spécial de la police de la frontière de Karang (Sénégal), a souligné que les forces de défense et de sécurité privilégiaient la sécurité de leurs pays et de leurs populations tout en travaillant à la mise en œuvre du protocole de libre circulation de la CEDEAO.
« Pour chacun de nos pays, la sécurité est la priorité. Il y a beaucoup d’allégations et de plaintes, mais nous essayons de les traiter. Idéalement, il faut écouter les responsables de la sécurité pour éviter de faire des lois qui ne profiteront pas aux populations. Tous les responsables de la sécurité aux frontières n’ont qu’un seul objectif, qui est la sécurité des personnes et des biens », a-t-il expliqué.
Le responsable de la police sénégalaise a suggéré qu’il fallait œuvrer pour que les citoyens disposent d’un document de la CEDEAO pour faciliter le passage aux frontières. M. Diasse a également salué la bonne collaboration avec les agents d’immigration de la Gambie au niveau de la frontière sénégambienne.
« Si on peut avoir la projection de ce qui se passe au niveau de cette frontière sur toutes les autres frontières de la région, ce sera une réussite pour la libre circulation, que ce soit en termes de biens ou de personnes », a-t-il affirmé.
Des recommandations aux députés de la Cedeao
Intervenant ensuite, le colonel Yaya Moussa Thiem, chef des douanes sénégalaises au poste frontière de Karang, a réfuté les accusations d’extorsion, affirmant que « au Sénégal, quoi que vous payiez, vous recevrez un reçu. » Du côté gambien, il a été relevé la difficulté de gestion des commerçants informels. Les agents de l’immigration du pays d’Adama Barrow ont déploré que le protocole sur la libre circulation ne prenne en compte que le commerce formel, soulignant la nécessité d’intégrer le commerce informel et de prendre en compte la dimension genre.
Omar Bojang, le responsable des douanes, de la facilitation du commerce et de la coopération internationale en Gambie, a déploré que la plupart des femmes se plaignant de difficultés à faire passer leurs marchandises à travers les frontières soient impliquées dans des activités commerciales informelles. Pour lui, il est temps que les États membres intègrent les commerçants informels dans les initiatives de la libre circulation.
Juldeh Camara, le commissaire de police au poste frontière d’Amdalai en Gambie, a demandé à la CEDEAO de mettre en place une équipe de surveillance aux frontières pour faire respecter ses protocoles de libre circulation.
« Si les surveillants de la frontière sont présents et sont de bonne foi, la plupart de ces plaintes cesseront. Si le protocole sur la libre circulation n’est pas appliqué, ceux qui en sont responsables cesseront leurs pratiques le cas échéant », a-t-il déclaré.
Perspectives d’amélioration des protocoles
Edwin Melvin Snowe Junior, coprésident du comité mixte, a déclaré que les membres du comité étaient présents à la frontière pour interagir avec les responsables de la sécurité et obtenir des retours sur les défis rencontrés dans la mise en œuvre des protocoles de libre circulation de la CEDEAO. Pour M. Snowe, les observations permettront d’améliorer la mise en œuvre du protocole sur la libre circulation.
« L’intention des pères fondateurs du bloc régional était de faire de l’Afrique de l’Ouest une communauté de personnes où les citoyens peuvent se déplacer librement, résider et faire des affaires dans la région », a-t-il souligné dans son intervention.
Le déplacement à la frontière sénégambienne s’inscrit dans le cadre de la réunion délocalisée du Parlement communautaire, ouverte depuis le 26 août à Banjul par Hadja Memounatou Ibrahima, la présidente de l’institution. Elle est organisée par la Commission mixte Commerce, Douanes et Libre Circulation/Affaires Sociales, Genre, Promotion de la Femme et des Personnes en Situation de Handicap/Affaires Juridiques et Droits de l’Homme/Affaires Politiques, Paix, Sécurité et Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP).
Les travaux portent sur le thème : « Le rôle du Parlement de la CEDEAO dans la mise en œuvre du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement dans la région de la CEDEAO ».
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