Au Bénin, deux individus accusés de collaboration avec Steeve Amoussou, activiste politique controversé connu sous le pseudonyme de « Frère Hounvi » sont en liberté provisoire. Ainsi en a décidé lundi 23 décembre la Chambre correctionnelle de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Une décision marquée par une caution fixée à un million de francs CFA pour chacun des prévenus.
Les deux hommes sont poursuivis pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique » et « initiation et publication de fausses nouvelles ». Selon les conclusions de l’instruction, ils seraient les principaux artisans d’un réseau chargé de rédiger et de diffuser les chroniques virulentes attribuées à « Frère Hounvi », une figure critique du régime de Patrice Talon.
Diffusion de chroniques critiques de Frère Hounvi
L’un des prévenus aurait rédigé ces publications, tandis que l’autre aurait assuré leur large diffusion sur les réseaux sociaux. Ces accusations s’appuient notamment sur des échanges électroniques et des témoignages recueillis durant l’enquête.
Devant la CRIET, lors des audiences des 18 novembre et 16 décembre 2024, les accusés ont rejeté en bloc les allégations portées contre eux. Ils affirment n’avoir aucun lien actif avec Steeve Amoussou et contestent tout rôle dans la gestion des publications incriminées.
Les deux hommes présentent des parcours singuliers, éloignés du profil classique d’activistes politiques : l’un se décrit comme expert environnemental en poste au Millennium Challenge Account (MCA), un programme de développement financé par les États-Unis, tandis que l’autre est un ancien enseignant reconverti dans l’immobilier.
La CRIET, après avoir examiné les éléments du dossier, a décidé d’accorder une liberté provisoire sous caution, permettant aux prévenus de retrouver leur liberté contre le paiement d’un million de francs CFA chacun. Si cette décision constitue une première victoire pour la défense, elle ne clôt pas l’affaire : le procès a été ajourné au 10 février 2025, pour permettre une poursuite approfondie des débats.
Des tensions autour de la liberté d’expression
Cette affaire illustre les tensions persistantes entre les autorités béninoises et les voix critiques du régime. Sous le pseudonyme de « Frère Hounvi », Steeve Amoussou est devenu une figure emblématique de la dissidence en ligne, publiant des analyses cinglantes dénonçant la gouvernance de Patrice Talon.
Le gouvernement, à travers des instruments comme la CRIET, intensifie sa lutte contre ce qu’il considère comme une menace à la stabilité et à la sécurité nationale. Cependant, pour les défenseurs des droits humains, cette approche soulève des inquiétudes quant au respect de la liberté d’expression et à l’équilibre entre sécurité et démocratie.
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