Au Bénin, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) se penche actuellement sur l’affaire Steve Amoussou. Une affaire qui illustre les complexités et les zones d’ombre du pouvoir de Patrice Talon. Mardi, Steve Amoussou a raconté le scenario de son enlèvement et a chargé ses ravisseurs.
Steve Amoussou comparaissait en même temps que ses bourreaux parmi lesquels figurent des individus comme Jimmy Gandaho, Géraud Gbaguidi, et Ouanilo Medégan Fagla, le Directeur du Centre national des investigations numériques (CNIN), précédemment connu sous le nom d’OCRC.
À la barre, la victime a livré un récit poignant des évènements de la nuit du lundi 12 août 2024, à Lomé, au Togo.
« J’ai ressenti le besoin d’aller prendre quelque chose », commence-t-il, évoquant une banalité quotidienne qui a viré au cauchemar. « Quatre personnes s’approchent de moi et engagent une conversation. Le temps entre la discussion et mon introduction dans le fourgon de couleur noire est de 20 à 25 minutes », poursuit-il. Une séquence brève mais intense, qui l’a vu être arraché à son quotidien pour se retrouver dans les geôles à Cotonou.
Steve Amoussou identifie ses ravisseurs
Steve Amoussou affirme avoir reconnu deux de ses ravisseurs : Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, des noms bien connus, généralement considérés comme des agents des services secrets béninois en service dans la sous-région ouest-africaine.
Cependant, les deux autres hommes, masqués, demeurent anonymes, des fantômes de la nuit, rendant toute identification impossible. Quant à Ouanilo Medégan Fagla, Frère Hounvi est catégorique : il n’a pas pu l’identifier directement parmi ses ravisseurs. Toutefois, des détails troublants émergent de son témoignage.
En effet, durant le trajet qui l’a conduit de Lomé à Cotonou, il aurait entendu le nom de Medégan Fagla être mentionné à plusieurs reprises par ses ravisseurs, comme un chef d’orchestre invisible, tirant les ficelles à distance.
« C’était lui qui semblait donner les ordres », insiste Amoussou, plongeant encore plus le tribunal dans un univers d’intrigues et de manipulations.
Mandats d’arrêt émis par le Togo
Le récit de Steve Amoussou ne s’arrête pas aux portes du fourgon. Il détaille les moments d’agression physique, sous une lumière crue qui ne laisse place à aucune ambiguïté : « La rue dans laquelle la scène s’est produite est éclairée. J’étais brutalisé, mais la population suivait la scène de loin », relate-t-il avant d’ajouter qu’il ne peut préciser l’heure exacte à laquelle les faits se passait dans cette nuit-là.
Face à ces accusations graves, les prévenus, désormais dans le viseur de la justice, ont tous plaidé non-coupable. Une position de défense qui ouvre la voie à un long processus judiciaire, fait de contradictions et de rebondissements. Steve Amoussou, de son côté, maintient fermement sa plainte pour enlèvement et brutalités, dans l’espoir que la lumière soit faite sur cette affaire qui semble mêler intérêts personnels et jeux de pouvoir au sein de la sous-région.
On se rappelle qu’il y a quelques jours, la justice togolaise a émis des mandats d’arrêt contre les noms précités. Le Togo avait d’ailleurs arrêté Priscilla Temo, une béninoise et un conducteur de Zemidjan qui auraient aidé les présumés kidnappeurs. Une affaire qui a accentué la crise entre le Togo et le Bénin.
Cliquez-ici pour nous rejoindre sur notre chaîne WhatsApp