Dans une longue interview accordée cette semaine à Deutsche Welle, la radio allemande, le Chef de la diplomatie togolaise, le Professeur Robert Dussey s’est prononcé sur la question des réformes constitutionnelles, des élections locales, le printemps de la coopération germano-togolaise et sur l’organisation prochaine d’un sommet Afrique-Israël à Lomé. L’entretien a été l’occasion de revenir sur la longévité au pouvoir de Faure Gnassingbé, déjà dans un 3e mandat, alors que la limitation des mandats présidentiels n’est toujours pas une réalité au Togo.
Répondant aux journalistes de la Radio allemande, Robert Dussey a indiqué ne pas croire que le Chef de l’Etat togolais voudrait rester au pouvoir ad vitam æternam. Le ministre rappelle que le processus des réformes est engagé et que la commission des réformes s’active pour livrer ses propositions.
Le Prof Dussey annonce également que les élections devraient être tenues incessamment et que le ministère de l’administration territoriale est en charge du processus.
Dans l’interview ci-après, le ministre est également revenu sur le Printemps de la coopération germano-togolaise et le sommet Afrique-Israël qui vont se dérouler à Lomé cette année.
Cela fait plus de quarante ans qu’il n’y a pas eu d’élections locales au Togo, où est-ce que ça bloque?
Robert Dussey : Je crois que maintenant il n’y a plus de blocage en tant que tel. Et si vous suivez l’actualité politique togolaise, il y a quelques mois, le gouvernement avait lancé le processus pour l’organisation des élections locales. Nous avons beaucoup traîné pour des questions matérielles, logistiques, et on peut déjà dire que ce processus est déjà derrière nous parce que nous allons incontestablement avoir les élections locales très bientôt. Je vous rassure qu’il y aura les élections locales d’ici la fin de cette année.
C’est une bonne nouvelle pour les togolais ?
Bien-sûr. C’est une décision du gouvernement et le ministère de l’administration territoriale est en train de préparer les élections. Nous avons un appui important de l’Union Européenne et particulièrement de l’Allemagne pour aller au bout, le président de la République s’est engagé, le gouvernement aussi et nous espérons que les élections locales vont se tenir.
Le Togo contrairement à la RDC est un petit où normalement le processus d’enrôlement devrait se passer plutôt vite. Avez-vous déjà commencé ?
Nous n’avons pas ce problème. Nous sommes sortis des élections présidentielles en 2015 et c’est sur ce fichier que nous y étions. Il y a eu quelques blocages et nous sommes arrivés à les dépasser et nous pensons qu’avec la volonté politique de tous les partis politiques, nous arriverons à l’organiser. En tout cas c’est l’engagement du président de la République et de son gouvernement.
Lors d’un entretien avec la Deutsche Welle, Faure Gnassingbé avait annoncé les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Pour l’instant on a l’impression que ce processus-là bloque. L’opposition refuse d’accepter jouer le jeu du gouvernement comme ils disent ?
Nous avons à Lomé, un haut-commissariat qui est chargé de piloter la question des réformes constitutionnelles institutionnelles et de la réconciliation. Donc madame Awa Nana qui est chargée de cette question est en discussion avec les partis politiques. Il y a une commission qui est mise en place et je crois qu’il faudrait patienter un peu pour avoir les résultats. La commission travaille à rendre les résultats des discussions pour savoir exactement ce qui se passera. Les réticences des partis politiques sont normales. Le Togo n’a pas le monopole de ces discussions. Ce que nous souhaitons est que tous les partis politiques puissent s’entendre sur les réformes demandées.
Parlant de réformes constitutionnelles et institutionnelles et de la limitation de mandat, pensez-vous que le chef de l’État Faure est sincère et qu’il rendra le pouvoir quand il aura été battu à une élection?
Mais vous pensez que le président Faure voudrait rester au pouvoir éternellement? Je ne crois pas. C’est un être humain comme nous. Pour le moment il n’y a pas de limitation de mandats présidentiels et lors d’un entretien à Deutsche Welle, il vous a donné son point de vue sur la limitation de mandat et je ne peux que m’en tenir aux déclarations qu’il a faites sur ce médias.
La question lui avait été posée entre temps et il a dit qu’il ne voyait pas le rapport…
Je vous dis que je m’en tiens aux déclarations qu’il a faites sur Deutsche Welle.
Et en outre la question de la limitation des mandats, par quel point s’exprimerait encore cette réforme politique ?
Ce sont des réformes constitutionnelles et institutionnelles. Souvent quand on parle de réformes politiques certains pensent qu’il ne s’agit que de la limitation des mandats. Ce n’est pas vrai. Il y a d’autres points sur lesquels d’autres partis politiques veulent des réformes. Ces points-là seront traités et c’est pourquoi la commission est mise en place.
Une fois de plus vous êtes en Allemagne, tout semble que la relation germano-togolaise a l’aire de bien marcher…
Ma présence est un témoignage du gouvernement togolais pour cette coopération très forte dont nous nous réjouissons.
Parlant du printemps de la coopération germano-togolaise qui aura lieu en avril à Dapaong. Vous avez l’impression que l’Allemagne veut faire du Togo un partenaire modèle en Afrique ?
Vous savez que lors de la colonisation le Togo était considéré comme une colonie modèle, nous ne sommes plus dans cette époque et notre ambition est de faire du Togo un partenaire privilégié de l’Allemagne et avec la volonté du gouvernement allemand et togolais je pense que nous pouvons y arriver.
Parlant de la colonisation, les autres pays qui ont été colonisé par l’Allemagne comme la Namibie et la Tanzanie ont ou qui vont porter plainte contre les atrocités commis dans le pays pendant l’époque coloniale, quelle est la position du Togo?
Je note que le Togo ne s’est jamais plaint d’une atrocité quelconque commise par les allemands pendant la colonisation. Au contraire les togolais ont gardé de bons souvenirs de la colonisation allemande parce que nous avions à tester d’autres expériences avec des puissances occidentales. Le Togo n’est pas dans cette vision et nous souhaitons seulement que la collaboration avec l’Allemagne se renforce.
En même temps l’Allemagne n’est pas le seul pied sur lequel vous dansez. Vous prévenez un sommet Togo -Israël cette année, pourquoi?
Oui du 16 au 20 prochain nous aurons le sommet Afrique -Israël, ce sera la première fois que l’Afrique va se réunir avec les responsables israéliens pour discuter coopération. Il faut noter que l’Afrique a déjà des partenariats avec des pays, nous avons Afrique-Chine, Afrique-Turquie, Afrique-France, Afrique -Japon etc. Le gouvernement togolais, le président de la République a pris l’initiative avec le premier ministre israélien d’organiser ce sommet à Lomé… N’oubliez pas que le thème du sommet est celui de la technologie et de la sécurité. Nous considérons que l’Israël a une expertise technologique et nous voulons en bénéficier sur le plan africain. N’oublions pas que le Togo est à la fois ami avec le peuple Israël et le peuple palestinien. Nous sommes bien conscient qu’en accueillant ce sommet, nous devons veiller à ce que nos relations avec la Palestine soient de bonnes relations. Je vous rassure que le gouvernement est en discussion avec la Palestine. Ils travaillent avec les États amis pour que la paix règne dans cette région. Et nous y veillerons.
Avez-vous des réactions de la Palestine par rapport au sommet que vous organisez ?
Nous n’avons pas de réations particulières. Nous sommes un pays ami de l’autorité palestinienne et comme je vous le dit nous discutons avec tout le monde et nous n’avions pas de réaction négative. Je pense que ce nous faisons avec l’Israël aujourd’hui, nous pouvons également le faire avec la Palestine. Donc organiser un sommet Israël-Afrique ne veut pas dire qu’on ferme la porte contre toute rencontre Palestine -Afrique au Togo. Le Togo est ouvert à toutes les options.
Vous pouvez organiser la même rencontre avec la Palestine mais pas sur les mêmes bases puisque justement la Palestine est mal partie à cause de ses problèmes avec l’Israël…?
Nous ne voulons pas nous mêler des problèmes internes du peuple palestinien que nous respectons que nous aimons et le peuple israélien que nous respectons et aimons également. Aujourd’hui il est question d’un sommet entre les africains et Israël. Donc nous veillons à organiser ce sommet pour qu’il soit un succès à la fois pour les pays africains qui seront présents et également un succès pour le gouvernement israélien. Donc notre position est celle de maintenir le dialogue et la paix entre les peuples et nous continuerons à le faire.
Est-ce que vous pouvez aussi reconnaître une coopération avec la Taïwan?
C’est non. Le Togo a reconnu la République populaire de Chine. Et travaille uniquement avec elle et restera fidèle à la Chine.
Réalisée par la Deutsche Welle, Transcrite par Togobreakingnews.info