Alors que les tensions restent vives à l’Est de la RDC, une initiative diplomatique discrète mais soutenue vient de recevoir un coup de projecteur international. Les États-Unis ont salué, le 8 mai, les avancées enregistrées dans la médiation conduite par Faure Gnassingbé, le Président du Conseil du Togo, qui joue depuis quelques semaines les bons offices entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.
À la tête du Conseil présidentiel de la médiation, Faure Gnassingbé s’impose progressivement comme un acteur incontournable dans la région des Grands Lacs. Une posture diplomatique que Lomé cultive avec méthode, misant sur une approche inclusive, dépolitisée et centrée sur des objectifs pragmatiques : sécurisation des frontières, retrait des forces étrangères, réintégration régionale et stabilisation économique.
C’est dans ce cadre que le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a été reçu à Kinshasa par le Président Félix Tshisekedi. Portant un message personnel de Faure Gnassingbé, le chef de la diplomatie togolaise a réaffirmé l’engagement du Togo pour une paix durable dans l’Est de la RDC, théâtre depuis des années d’une guerre par procuration opposant le régime congolais à des groupes armés, dont certains sont soutenus, selon Kinshasa, par le Rwanda voisin.
Une architecture diplomatique en construction
Loin des grandes conférences internationales, la médiation togolaise se déploie à bas bruit, mais bénéficie d’un soutien croissant des partenaires internationaux. Washington, en particulier, soutient activement cette initiative, y voyant une opportunité crédible de désescalade.
Selon une source proche du département d’État américain, un projet de texte politique commun est en cours de consolidation et devrait être finalisé dans les trois semaines, à condition que les contributions des parties – RDC et Rwanda en tête – soient transmises à temps.
Une réunion consultative à Lomé est déjà envisagée courant mai, avec autour de la table les représentants des deux États, ainsi que les membres du groupe de contact : États-Unis, France et Qatar. Ce dernier, très actif ces derniers mois sur plusieurs fronts africains, a d’ailleurs envoyé d’une délégation officielle à Lomé, signe de l’intensification des tractations diplomatiques.
Un calendrier ambitieux pour l’Est de la RDC
L’objectif est désormais clair : parvenir à un accord-cadre d’ici à la fin juin 2025, à l’issue d’un processus de consultation formelle et d’engagement bilatéral. Pour y arriver, la médiation togolaise devra surmonter de nombreux obstacles : la méfiance persistante entre les dirigeants congolais et rwandais, l’instabilité sur le terrain, mais aussi les agendas concurrents d’autres initiatives régionales – notamment celle de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) ou de l’Union africaine (UA), jusque-là en retrait.
Mais Faure Gnassingbé semble bien décidé à faire du Togo un médiateur de référence sur la scène continentale. Déjà actif dans la crise malienne ou dans les pourparlers avec les autorités de transition au Burkina Faso, le chef de l’État togolais s’impose comme un artisan patient d’une diplomatie africaine autonome, soucieuse de résultats concrets et de souveraineté régionale.
Pour rappel, les relations entre la RDC et le Rwanda se sont fortement détériorées depuis 2022, sur fond de recrudescence des affrontements dans le Nord-Kivu, où le groupe armé M23, appuyé selon l’ONU par Kigali, tient toujours plusieurs localités. Kinshasa a récemment appelé à des sanctions contre le Rwanda, tandis que le président Paul Kagame continue de nier toute implication directe.
Dans ce contexte inflammable, la médiation togolaise pourrait offrir une rare fenêtre d’opportunité, à condition que les deux capitales jouent le jeu du compromis.
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