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CEDEAO/50 ans : la BIDC prône un nouveau pacte public-privé

Didier ASSOGBA
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À l’occasion du 50e anniversaire de la CEDEAO, la BIDC (Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO) a dressé le 27 mai un bilan du chemin parcouru. Elle a eu des échanges avec des acteurs du secteur privé (publics, privés, financiers, assureurs, investisseurs, entrepreneurs) à Lomé, sous la présidence de Moctar Coulibaly, son secrétaire général qui représentait Dr George Agyekum Donkor, le président de la BIDC. L’institution financière régionale a plaidé pour une implication accrue du secteur privé afin de combler les déficits structurels de la sous-région.

Cinquante ans après sa fondation, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) apparaît comme un symbole de résilience, mais aussi comme un chantier inachevé. Pour Moctar Coulibaly, le secrétaire général de la BIDC, si l’intégration régionale a enregistré des avancées notables, elle bute encore sur des défis structurels. Au premier rang desquels le déficit chronique en infrastructures.

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« Nous ne célébrons pas simplement cinq décennies de collaboration, mais réfléchissons aussi aux progrès accomplis et au chemin qui reste à parcourir », a souligné M. Coulibaly dans son intervention ponctuée de chiffres-clés et d’appels à l’action.

Au cœur de ses préoccupations se trouve le financement du développement. Selon les estimations de la CEDEAO, relayées par la BIDC, le besoin en infrastructures de la sous-région s’élève à 3 milliards de dollars par an. Une somme que les seuls budgets publics, sous pression dans un contexte post-Covid et inflationniste, ne peuvent couvrir.

Dans ce contexte, les partenariats public-privé (PPP) apparaissent comme l’option la plus réaliste pour mobiliser des fonds, partager les risques et accélérer la réalisation de projets structurants. M. Coulibaly s’est appuyé sur les chiffres de l’Association africaine des capitaux privés. En effet, entre 2012 et 2023, 47,3 milliards USD ont été injectés dans les infrastructures africaines via 847 transactions, dont 81 % dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications.

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Une feuille de route ambitieuse de la BIDC

Mais au-delà des constats, le secrétaire général a esquissé une feuille de route en trois axes. Il s’agit du renforcement des capacités des institutions régionales telles que la BIDC, l’harmonisation des politiques publiques pour attirer les capitaux privés, et un investissement massif dans le capital humain, notamment les jeunes.

« Sans le secteur privé, il n’y a pas d’innovation. Mais sans le leadership du secteur public, il n’y a pas d’opportunités de passer à l’échelle supérieure », a-t-il insisté, rappelant que la BIDC entend jouer le rôle de pont stratégique entre les deux mondes.

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De fait, la Banque se veut désormais un catalyseur de changement. Du financement des énergies renouvelables au Cap-Vert à l’appui au secteur agro-industriel au Nigéria, en passant par la construction de routes en Côte d’Ivoire, les projets soutenus visent à bâtir une Afrique de l’Ouest « compétitive et résiliente ».

Dans un contexte géopolitique marqué par les transitions politiques, les replis souverainistes et les défis sécuritaires, Moctar Coulibaly a plaidé pour que l’esprit d’intégration économique reste le socle d’un avenir commun. « Un seul doigt ne peut soulever un caillou », a-t-il rappelé, citant un proverbe ouest-africain.

À l’heure du bilan, il est ainsi question de transformer les 50 ans de la CEDEAO en levier pour les 50 années à venir, en s’appuyant sur des institutions renforcées et des mécanismes innovants de financement.

En filigrane de cette célébration, c’est aussi un message adressé aux États membres et aux bailleurs de fonds. En effet, à la BICD, on estime plus que jamais, que l’heure est à la coopération, à la mutualisation des ressources et à la consolidation des acquis.

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