Le CFA, cette monnaie héritée de la colonisation et utilisée par 14 pays africains suscite des passions tant chez les pros que chez les antis. Chefs d’Etat, ministres, économistes, activistes, citoyens, etc… en parlent. Ces derniers jours au Togo, la monnaie en question est au centre d’un ping-pong entre le Directeur national de la BCEAO, Kossi Tenou et le Prof Kako Nubukpo, ancien fonctionnaire de cette même structure. Pendant qu’on y est, le ministre togolais en charge de la fonction publique se prononce également. Gilbert Bawara, qui fait office de porte-parole du gouvernement, appelle à de sérieuses réflexions mais souligne que « les termes et les paramètres d’un débat serein sont faussés ».
Le décor est planté au sujet du franc CFA. Pour les pros, cette monnaie a été africanisée dans les années 1970 et reste enviée de par la stabilité qu’elle offre aux pays l’ayant en partage. Pour les antis, le CFA n’est ni plus ni moins qu’un instrument d’asservissement des pays africains par la France. Ces derniers appellent à changer de nom et de politique monétaire afin d’injecter les réserves de change dans les économies des pays concernés et pour que la France se désengage.
Mais la BCEAO, soutenue par le président ivoirien, Alassane Ouattara, affirme que le CFA est une monnaie africaine gérée par des africains pour les africains.
S’invitant dans le débat, le ministre togolais de la fonction publique fustige lui aussi un débat qui procède du dogmatisme, de l’émotif et du sensationnel. Gilbert Bawara reconnait que les pays africains sont confrontés à de réels et sérieux défis économiques, de productivité, de transformations structurelles, de compétitive et de croissance. Il souligne par ailleurs que la production de richesses et le niveau de prospérité restent largement en deçà des besoins et des aspirations légitimes des populations. Il en veut pour preuve, les faibles revenus et les injustices et inégalités perceptibles.
« Mais ne déplaçons pas les problèmes. Aucun économiste sérieux ne peut soutenir que la monnaie, a elle tout seule, équivaut à la politique monétaire, et cette dernière n’est pas équivalente d’une politique économique encore moins d’une stratégie de croissance et de développement », dit-il.
{loadmoduleid 210}
Pour M. Bawara, les débats et discussions sur le franc CFA sont légitimes et souhaitables. Toutefois, il fait remarquer que « les termes et les paramètres d’un débat serein sont faussés par le climat d’hystérie qui se développe », sans que de vraies solutions sérieuses, viables et solides ne soient esquissées et proposées.
« Nos pays et leurs dirigeants réfléchissent et travaillent pour renforcer les espaces d’intégration, de croissance, de prospérité et de développement. Toutes les bonnes idées pour y contribuer et les aider sont les bienvenues. Mais cessons de nous distraire et de dissiper nos énergies sur de fausses bonnes idées ! », a posté le ministre sur son compte Twitter.
Pour conclure, le porte-parole du gouvernement togolais note quand-même que « les plus importantes économies africaines sont des pays disposant de leurs monnaies nationales, notamment l’Afrique du sud, l’Egypte, le Nigeria, Algérie, Angola, … ».
De ce fait, il invite les uns et les autres à identifier et à traiter les véritables problèmes et défis.