Alors qu’il s’apprête à prendre ses fonctions le 7 janvier prochain après sa victoire à l’élection présidentielle du Ghana, John Mahama met déjà en avant des priorités stratégiques pour la région. Lors d’une interview exclusive avec DW, il a insisté sur la nécessité de promouvoir le dialogue avec les pays du Sahel confrontés à l’insécurité et à l’instabilité politique.
Préoccupé par les attaques terroristes en cours au Burkina Faso, au Niger et au Mali, Mahama a déploré le départ de ces trois pays de la Cédéao, une situation qu’il attribue à une perte de confiance envers l’organisation régionale. Il a rappelé les succès obtenus par le passé grâce à une diplomatie proactive, notamment lors de la crise burkinabè en 2014.
« En tant que président de la Cédéao, nous avons évité les sanctions directes en engageant un dialogue avec les chefs militaires après le départ de Blaise Compaoré. Ce processus a permis une transition réussie, conduisant à l’élection démocratique de Roch Kaboré », a-t-il expliqué.
Position de John Mahama
Mahama estime que ce modèle pourrait inspirer une nouvelle approche. Selon lui, seule une diplomatie active et respectueuse pourrait favoriser l’unité régionale nécessaire pour relever les défis communs.
Le président élu a mis en garde contre l’effet domino de l’insécurité. La crise qui touche le Sahel a déjà des répercussions dans d’autres pays de la région, y compris le Ghana.
« Nous voyons déjà des incursions terroristes dans le nord du Togo. Cela prouve que la menace ne s’arrêtera pas aux frontières des pays touchés. Il est urgent que nous apportions un soutien concret au Burkina Faso, au Mali et au Niger pour contenir cette crise avant qu’elle ne devienne incontrôlable », a-t-il averti.
Mahama appelle à une solidarité régionale renforcée, utilisant une métaphore évocatrice : « Lorsque la maison de votre voisin brûle, vous devez l’aider à éteindre le feu. Sinon, il finira par détruire la vôtre. »
Au-delà de la sécurité, l’appel de Mahama met en lumière les faiblesses structurelles de la Cédéao. Incapable de répondre efficacement aux crises successives, l’organisation est perçue comme vulnérable, ce qui mine sa crédibilité.
Pour Mahama, il est essentiel de réinventer la mission de la Cédéao en renforçant ses capacités politiques et diplomatiques. Cela inclut une meilleure coopération avec l’Alliance des États du Sahel, non seulement pour contrer le terrorisme, mais aussi pour exploiter les opportunités économiques de la région.
John Mahama voit dans le renforcement des relations avec les pays du Sahel une clé pour garantir la stabilité et le développement de l’Afrique de l’Ouest. À quelques semaines de son investiture, ses déclarations posent les bases d’une politique étrangère ambitieuse, visant à relever les défis sécuritaires tout en renforçant l’unité régionale.
Le prochain mandat de Mahama pourrait marquer un tournant décisif pour la Cédéao et l’Afrique de l’Ouest. Reste à voir si ses propositions se traduiront en actions concrètes pour une région enfin apaisée.
Par Coulibaly Mamadou
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