L’organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS), la formation politique présidée par Agbéyomé Kodjo souffle ses huit bougies depuis le début de ce mois d’août. La célébration a été marquée ce samedi à Lomé par une conférence de presse animée par l’ancien Premier Ministre. C’était l’occasion pour M. Kodjo de revenir sur le parcours de son parti politique et de se prononcer sur les sujets brûlants de l’actualité.
Créée le 02 août 2008, la formation politique Obuts souffle cette année sa huitième bougie. Huit ans jalonnés d’épreuves de tout genre. Mais le parti qui a été créé avec pour but de construire une société de Justice, de Paix et de Prospérité partagée, a rencontré plusieurs obstacles.
Durant ces 8 ans également, Obuts a constamment œuvré pour la dynamique unitaire de l’opposition en participant à la création du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) et la mise en place du Collectif Sauvons le Togo (CST).
« En dépit de notre engagement plein et loyal, au sein de tous les regroupements de politiques dont nous avons contribué à la création et auxquels nous avons adhéré, notre formation politique subira au cours des différents scrutins électoraux, l’épreuve de la déloyauté caractérisée par des actes dépourvus de dignité, de solidarité et de reconnaissance à raison de notre participation active dans le cadre d’actions collectives et unitaires au sein des regroupements de formations politiques issues des rangs de l’opposition », a rappelé samedi Agbéyomé Kodjo.
Le patron d’Obuts rappelle également avoir préconisé pour la présidentielle de 2015, l’élaboration d’un programme commun avant le choix du candidat de l’opposition. Mais sa proposition n’avait pas été prise en compte. De même, ses préconisations sur la question des réformes qui suggéraient à l’opposition d’accepter une nouvelle candidature du président actuel afin d’avoir la limitation de mandats et un scrutin à deux tours n’avaient pas été suivies. Et c’est dans la même logique que ceux qui disaient qu’il n’y aura pas d’élections sans les réformes ont été les premiers à y participer, en rang divisé.
La haine ne peut chasser la haine
Le président de l’OBUTS interpelle les acteurs de l’opposition sur leurs stratégies de conquêtes de pouvoirs qui restent infructueuses depuis plus de vingt-cinq ans.
« Il est tentant de dresser le constat de ce que l’histoire de l’opposition togolaise est comme un éternel recommencement, et nous rappelle le mythe de Sisyphe », a fait remarquer M. Kodjo qui se demande : « Comment arriverons-nous un jour à réaliser l’alternance politique au Togo, si l’ensemble des forces de l’opposition républicaine ne s’accorde pas sur un minimum de consensus ? »
Invitant ses pairs à un pragmatisme et à une autocritique, il suggère une remise en cause totale des uns et des autres pour un changement des lignes et orientations politiques. Car dit-il : « La Haine ne peut chasser la Haine, seul l’Amour et le Pardon qui impliquant un renoncement de soi, peuvent nous ouvrir la voie royale pour bâtir dans la paix et la concorde nationale notre maison commune qu’est le Togo ».
Là-dessus, Agbéyomé Kodjo rappelle que sa formation politique reste fidèle à sa nouvelle ligne politique adoptée depuis février 25014 dont les grandes lignes tendent à proscrire toute confrontation frontale avec le pouvoir, à bannir le recours à des outrances verbales pour interpeller le pouvoir, et à sensibiliser nos partisans leur enjoignant à demeurer républicains.
Travailler avec efficacité à la conquête du pouvoir
La philosophie du parti Obuts, selon M. Kodjo, prend appui sur le souci de voir l’existence des formations politiques issues des rangs de l’opposition perdurer, s’implanter dans le corps électoral, travailler avec efficacité à la conquête du pouvoir, et convaincre les électrices et électeurs du sérieux de leurs actions.
Mais, mal compris, cette stratégie a été travestie par les autres partis politiques pour railler et accabler Obuts.
« Malgré des vents contraires, nous restons debout et chevillés à nos objectifs tendant à garantir à chaque togolais, du Pain, la Paix, et la Liberté, constitutifs de substances indispensables à son épanouissement intégral », a indiqué le président d’Obuts.
Revenant sur le dossier des réformes politiques et l’atelier organisé en juillet dernier par le HCRRUN, l’ancien Premier Ministre togolais qui a de nouveau salué l’initiative de cette rencontre nationale. M. Kodjo dit former le vœu de voir les autorités publiques prendre leurs responsabilités à brève échéance, pour que se matérialise la mise en place de la Commission de Réflexion sur les Réformes qui devrait donner le ton de la mise en œuvre des conclusions des travaux.
Panama Papers, tout ce que pense Agbéyomé Kodjo
Le dossier d’évasion fiscale à Wacem révélé par Panama Papers a occupé une bonne partie de l’intervention de l’ancien Premier Ministre. Le patron d’Obuts indique que le Togo ne devra en aucun cas offrir son territoire à des hommes d’affaires peu scrupuleux, qui défient les lois fiscales du pays d’accueil, en disposant de comptes offshore dans les paradis fiscaux.
« Ce phénomène à caractère de prédation économique prive la puissance publique de disposer des ressources fiscales conséquentes dont elle a besoin pour conduire avec efficacité sa politique économique et sociale », a-t-il déclaré invitant le gouvernement à montrer sa rigueur et à rompre avec des sociétés qui se donne à cette pratique. Il a suggéré plusieurs mesures au gouvernement et à l’Assemblée nationale qui doivent mettre fin à la fraude fiscale.
Agbéyomé Kodjo invite à la mise en place du Fonds de développement économique et social des zones minières promis en 2010 par Faure Gnassingbé lors de la campagne électorale.
Concernant Wacem, il invite à un audit complet de ses comptes et à opérer un redressement fiscal de la société si les fraudes sont avérées. En plus, Wacem devra domicilier tous ses comptes au Togo sous peine de résiliation de contrat.
« Enfin, un examen en revue de tous les contrats miniers concédés par l’État s’impose désormais aux fins de scrupuleuse vérification du respect du cahier des charges, dans la perspective d’une amélioration significative de la contribution de ces sociétés minières aux caisses du Trésor Public, à la hauteur de la densité de leurs activités économiques », a-t-il ajouté.
Pour conclure, M. Kodjo rappelle que le combat politique doit s’inscrire dans l’unique souci de construire véritablement une société de justice, de solidarité et de prospérité partagée pour tous où sont réellement prises en compte.