Une première rencontre officielle a eu lieu entre la Confédération des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Au lendemain de cette réunion, le président malien, Assimi Goïta a échangé avec les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Niger et du Mali. La démarche vise à resserrer les rangs sahéliens et ajuster la posture diplomatique commune face à la CEDEAO.
Président en exercice de l’AES, le chef de l’Etat malien joue un rôle de pivot dans cette séquence inédite où les trois États sahéliens, en retrait volontaire et coordonné de la Cédéao depuis janvier, entendent faire bloc. « Il s’agit de parler d’une seule voix », résume une source diplomatique proche des discussions.
Une ligne confédérale assumée
Conduite par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, la délégation comprenait Karamoko Jean Marie Traoré (Burkina Faso), Bakary Yaou Sangaré (Niger) ainsi que Julienne Dembélé Sanon, ambassadrice du Burkina Faso à Bamako. Reçus au palais de Koulouba, les ministres ont exposé à Goïta les conclusions de la rencontre avec la Cédéao du 22 mai, la première du genre depuis la décision des trois pays de quitter l’organisation ouest-africaine.
« Nous avons fait le point au Président de la Confédération sur les conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Il s’agissait d’harmoniser notre position confédérale pour la suite du dialogue avec la Cédéao, dans un esprit d’unité et de responsabilité », a déclaré le ministre burkinabè à l’issue de l’audience.
Les échanges avec la Cédéao ont permis de poser les bases méthodologiques d’une négociation formalisée, autour d’un relevé de conclusions. Le document, validé par les deux parties, fixe le périmètre des discussions à venir. Les échanges porteront sur les aspects politiques, juridiques, sécuritaires, diplomatiques et de développement. Il prévoit également que toute avancée devra se faire dans un cadre multilatéral, excluant les approches bilatérales tentées par la Cédéao dans les premiers mois du retrait.
« Il est essentiel d’avancer en tant qu’entités régionales égales. Nous avons proposé de structurer les pourparlers chapitre par chapitre, dans un cadre clair et mutuellement respecté », a expliqué Karamoko Jean Marie Traoré, posant ainsi les jalons d’une méthode AES dans la gestion de la sortie.
Goïta, stratège en chef de l’AES
Dans un style qu’il cultive depuis sa prise de pouvoir en 2021, Assimi Goïta a livré ses orientations aux ministres sahéliens, appelant à la constance, à la fermeté et à la cohésion. Pour le chef de la Transition, cette phase de dialogue avec la Cédéao est autant une épreuve de force diplomatique qu’un exercice d’affirmation géopolitique pour la jeune confédération sahélienne.
Face aux pressions – notamment économiques – exercées par l’organisation régionale et certains de ses membres, les capitales sahéliennes entendent maintenir la dynamique de rupture tout en conservant des canaux de discussion ouverts.
Bamako, Ouagadougou et Niamey parient sur la cohésion interne et une capacité de négociation unifiée pour peser sur le cours des discussions.
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