Le magistrat qui devrait rendre la décision finale dans l’affaire de la succession d’Augustino Pa de Souza vient de se désengager du dossier. Il aurait demandé au président de la Cour suprême, Yaya Abdoulaye de s’en occuper lui-même. Cette information a été rendue publique vendredi lors d’une conférence de presse virtuelle animée par Georges Kavegue, représentant de l’une des 29 lignées de cette succession.
Dans une récente sortie médiatique, M. Kavegue avait fait cas d’une affaire de liquidation des biens du défunt Augustino de Souza qui divise les héritiers. Selon lui, plus de 60 ans après le décès du patriarche en question, issu de la bourgeoisie foncière et commerçante afro-brésilienne, toutes les tentatives pour le partage de l’héritage n’ont jamais abouti. Même la justice togolaise à qui l’affaire est confiée depuis 20 ans est devenue une partie du problème.
C’est après cette déclaration que le juge Koudouvo Esse, chargé du dossier, a décidé de ne plus s’en mêler, quand bien même l’affaire est en phase finale. Il accuse notamment les héritiers d’avoir fait citer son nom dans des articles de journaux ; ce qui lui auraient coûté. Une situation qui l’empêche actuellement de continuer d’exercer son devoir envers les bénéficiaires.
« Le juge a informé nos avocats que le fait qu’on cite son nom dans un article de journal le met en difficulté et qu’il décide de ne plus s’occuper du dossier. Il demande au président de la cour suprême de s’en occuper », a fait savoir Georges Kavegue.
Une gestion polémique de la succession
Cet héritier fait appel au président de la Cour suprême de reprendre en main l’affaire afin que la justice soit rendue une fois pour de bon.
M. Kavegue accuse également Me Madje Aquereburu-d’Almeida, mandaté à gérer les biens de la famille de n’avoir pas été loyale.
« Madje Aquereburu d’Almeida n’a pas respecté le cadre légal. Elle a gagné plus de 150 millions d’honoraire sur ces 15 dernières années. En plus, elle exerce des menaces d’intimidation contre nous lorsque nous essayons de réclamer nos droits. Nous avons découvert après toutes ces années que notre notaire se payait 10% d’honoraire. Plus du double du quota normal. Devant le président de la chambre des notaires, elle a avoué qu’elle le partage avec un héritier qui n’est d’autre que son avocat qu’elle a engagé contre nous les ayants droit », a révélé M. Kavegue.
Il a ajouté que lors du paiement d’une somme d’argent aux 29 héritiers (3 millions par personne), la famille a découvert que c’était un chèque personnel de la notaire elle-même qu’elle a signé pour donner aux bénéficiaires. Et depuis 20 à 40 ans c’est le cas.
« C’est-à-dire que l’argent des héritiers se retrouve sur le compte personnel de la notaire. Elle n’a tout simplement pas ouvert un compte pour la famille. Depuis 20 ans, elle refuse de donner à la famille le bulletin d’accès au compte de la succession. La personne que nous payons pour gérer notre affaire s’accapare de nos biens », s’est indigné l’héritier.
Le plaignant souhaite alors que le président Abdoulaye Yaya se penche sur cette affaire en menant des actions vigoureuses en matière des droits de succession afin que les comptes soient faits pour que les biens soient liquidés.
« Nous voulons interpeller la hiérarchie que nous avons déjà sollicité et qui a donné déjà des résultats satisfaisants. Nous faisons savoir que le partage n’a toujours pas été acté, mais à côté, des actes nuisibles se posent, allant ainsi à l’encontre de la loi. Nous ne reprochons rien au juge Esse qui refuse finalement de poser un acte légal, pour nous départager avec la notaire. Il est temps que les choses soient transparentes et honnêtes », a-t-il dit.
Rappelons que le président de la Cour suprême du Togo, Abdoulaye Yaya, a lui-même dénoncé récemment la propension de magistrats gourmands et malhonnêtes à prendre en otage la justice togolaise.