La récente décision des États-Unis de restreindre la délivrance de visas américains aux ressortissants de plusieurs pays africains, dont le Togo, met à nu les tensions entre souveraineté nationale, réalités diplomatiques et dynamiques migratoires asymétriques. La réaction mesurée de Prof Robert Dussey, chef de la diplomatie togolaise mérite une lecture au-delà des apparences.
Par un message diffusé le 08 juin sur les réseaux sociaux, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a reconnu sans équivoque la légitimité des États-Unis à « faire respecter leurs lois et leurs frontières », tout en soulignant la responsabilité individuelle des ressortissants togolais dans la préservation d’un « partenariat fort » avec Washington. Ce ton, à la fois conciliant et autocritique, tranche avec les condamnations officielles attendues dans de tels cas.
Pas de visas américains pour…
Cette réaction intervient après la signature, le 4 juin 2025, par le président américain Donald Trump, d’un décret exécutif restreignant l’octroi de visas américains non-immigrants à 19 pays, considérés comme « non coopératifs » ou présentant un « risque migratoire ». Le Togo, bien que visé de manière partielle, est désormais concerné par des limitations affectant les visas de tourisme (B-2), d’affaires (B-1), d’études (F), de stages (J) et de formation professionnelle (M).
Pour Washington, le principal grief réside dans le manque de coopération au retour des ressortissants togolais en situation irrégulière ou sous le coup d’une expulsion.
Derrière ce différend administratif, c’est un déséquilibre structurel dans la gouvernance migratoire mondiale qui s’expose. Si les États-Unis s’arrogent le droit de filtrer les flux humains au nom de leur sécurité nationale, les pays africains, en manque d’alternatives économiques et diplomatiques, doivent gérer les conséquences d’une jeunesse en quête de mobilité, souvent confrontée à la précarité et à l’hostilité à l’étranger.
En reconnaissant implicitement les torts des siens, la diplomatie togolaise tente d’éviter l’escalade et préserve ses marges de manœuvre sur la scène diplomatique. Il s’agit aussi d’une posture révélant une diplomatie de précaution, contrainte par l’impératif de protéger une diaspora perçue comme une force économique.
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