Prof Robert Dussey a donné le ton à la rentrée diplomatique 2023-2024 lundi à Lomé. Cette rentrée a été marquée par une conférence sur le thème des transitions démocratiques en Afrique. Les participants se sont accordés sur la nécessité de repenser la gouvernance en Afrique pour parer aux coups d’Etat.
C’est l’ancien Premier ministre, Joseph Kokou Koffigoh qui a développé le thème de la conférence : « Les transitions démocratiques en Afrique entre rêves et réalités ».
Dans son développement, le conférencier a tenté de répondre à deux questions : « comment et pourquoi les pays se démocratisent-ils ? », et « Quels sont les facteurs permettant à la démocratie comme régime-type de durer plus ou moins longtemps ? ».
La Conférence inaugurale de la rentrée diplomatique 2023-2024 a été modérée par Professeur Kangni Alemdjrodo.
Les raisons des transitions
L’ancien Premier ministre togolais, Joseph Koffigoh a été un acteur de la transition politique dans les années 1991. Dans son exposé l’homme a fait son analyse sur les transitions en Afrique.
Pour Me Koffigoh, les anciennes transitions visaient à établir un ordre constitutionnel pluraliste. Les nouvelles doivent avoir pour objectif de restaurer un ordre constitutionnel acceptable pour tous. Pour lui, la transition doit s’appréhender ou s’apprécier comme une régence.
« Sa première caractéristique est d’être éphémère. La transition doit être courte, sinon elle s’apparente à une confiscation du pouvoir. Sa durée sera fonction de la situation de chaque État, avec un minimum et un maximum de 3 ans. La transition doit viser à restaurer l’ordre constitutionnel par des élections libres et transparentes. Elle doit éviter tout ce qui est générateur de conflit, veiller et assurer les grands équilibres macroéconomiques et sociaux pour ne pas enfoncer les populations dans l’extrême pauvreté. Enfin, la transition doit garantir les droits de l’homme, allant même jusqu’à la protection de ceux qui ont perdu le pouvoir, à moins qu’ils n’aient gravement violé les droits de l’homme », a détaillé l’ancien Premier ministre togolais.
Coup d’Etat et mauvaise gouvernance
Me Koffigoh a abordé la question des coups d’Etat en Afrique avant de proposer des remèdes pour guérir des blessures politiques. Pour lui, les coups d’Etat ne constituent pas une solution aux problèmes du continent. Il précise toutefois que des changements non-démocratiques étaient sans doute les conséquences d’une mauvaise gouvernance des dirigeants élus et les manipulations électorales.
Il a appelé les dirigeants à prendre en compte les aspirations de leurs peuples pour garantir une paix durable sur le continent. Sur la question des transitions, il a également émis le vœu qu’un conflit armé ne se déclenche pas entre la CEDEAO et certains de ses Etats membres.
Pour le chef de la diplomatie togolaise, le choix sur l’enjeu de la transition est fort apprécié au vu du développement de l’actualité du continent africain.
« Ce thème nous interpelle sur les questions de devenir des transitions politiques en Afrique. Quelles sont les promesses non tenues dans les transitions démocratiques africaines ? Avons-nous peut-être sous-estimé les incertitudes propres à toute transition ? Je crois qu’il n’y a pas de commentaires à faire. Le seul que je pourrai faire à l’endroit du Premier ministre Joseph Kokou Koffigoh, c’est qu’en 1991, j’étais étudiant et j’ai beaucoup prié pour vous », a indiqué Robert Dussey.
Rentrée diplomatique et conférence sur la paix
A l’issue des échanges, les intervenants se sont accordés sur l’urgence de repenser la gouvernance en Afrique pour parer aux coups d’Etat.
Cette rentrée diplomatique intervient après une année 2022 marquée par de grandes avancées, et un engagement accru en faveur de la paix, de la sécurité, du multilatéralisme et de l’implication de la diaspora, la diplomatie togolaise entend renforcer son action.
Notons que la rentrée diplomatique annonce une autre rencontre importante qu’organise le pays en octobre prochain à Lomé pour parler de la paix, de la sécurité et de l’avenir du continent.