Amnesty International a publié jeudi son rapport de 2020 sur les droits humains dans le monde. Dans son document, l’organisation internationale a consacré un long chapitre au Togo. Amnesty accuse le pouvoir de Faure Gnassingbé de continuer à torturer les opposants, à restreindre la liberté d’expression, de réunion et de recourir à l’usage excessif de la force. Elle pointe également les arrestations arbitraires, le manque d’équipement de protection pour le personnel soignant et le risque élevé de contamination dans les prisons.
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Pour Amnesty, tout ceci se passait dans un contexte sociopolitique marqué par la réélection contestée de Faure Gnassingbé, principalement par Agbeyome Kodjo qui s’était autoproclamé président. L’organisation rappelle que ce dernier avait été arrêté, détenu puis inculpé avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. Plusieurs de ses sympathisants ont aussi été arrêtés et ont fait l’objet de poursuites.
Mais également dans un contexte de pandémie de COVID-19. Les pouvoirs publics avaient pris des mesures restreignant le droit de circuler librement et le droit à la liberté de réunion pacifique, selon l’organisation.
Dans les détails, Amnesty a d’abord évoqué les arrestations et détentions arbitraires. Ici, l’organisation met l’accent sur l’arrestation Brigitte Kafui Adjamagbo et Gérard Yaovi Djossou, membres de la Dynamique Mgr Kpodzro, une coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile. Le rapport d’Amnesty indique qu’ils ont été arrêtés en novembre et inculpés de « groupement de malfaiteurs » et d’« atteinte à la sécurité intérieure de l’État ». Ceci en lien avec des manifestations contre les résultats de l’élection présidentielle et contre le harcèlement dont étaient victimes les opposant·e·s.
« Ils ont été libérés et placés sous contrôle judiciaire après environ trois semaines de détention », lit-on dans le document.
Révélant la torture et autres mauvais traitements, Amnesty International accuse la Police togolaise d’avoir recourir à la torture pour chercher à extorquer des aveux à Kokou Langueh au sujet de ses liens avec Agbéyomé Kodjo.
Restriction du droit à la liberté d’expression
Evoquant la liberté d’expression, l’organisation note également un recul. Elle conteste des dispositions du nouveau Code de la presse et de la communication. Spécialement en cause, des dispositions permettant « d’infliger de lourdes amendes aux journalistes pour outrage au président de la République, aux parlementaires et aux membres du gouvernement ».
Amnesty condamne également les coupures d’Internet notamment le jour du scrutin présidentiel, en février 2020. Ainsi que le placement sur écoute des communications électroniques de défenseur·e·s des droits humains, de militant·e·s et d’autres personnes.
En cause également, les sanctions infligées par la HAAC aux journaux Liberté, L’Alternative, Fraternité. La condamnation du journal L’Alternative dans le « pétrolegate » est également pointée du doigt.
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Amnesty relève par ailleurs l’arrestation en avril 2020 de François Doudji et Béni Okouto, du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT), et le journaliste Teko-Ahatefou Aristo qui assistaient à une intervention policière au domicile d’Agbéyomé Kodjo.
Quant à la liberté de réunion, Amnesty liste l’empêchement du lancement officiel du Mouvement Conscience Mandela, en juillet 2020.
« Les autorités ont interdit des manifestations et des réunions pacifiques, notamment en lien avec les résultats contestés de l’élection, en particulier entre août et octobre », relève l’organisation.
Toujours dans le document, Amnesty dénonce un recours excessif à la force notamment durant la période du couvre-feu sanitaire décrété par Faure Gnassingbé au début de la pandémie de la Covid19. Le rapport énumère ainsi les décès de Émile Bousse (mars 2020), Gueli Kodjossé (Avril 2020), Dodji Koutouatsi (Avril 2020), Agbendé Kpessou (mai 2020), ainsi qu’un homme tué lors une cérémonie traditionnelle dans la préfecture de Doufelgou, en septembre. Le rapport n’a pas épargné l’utilisation de grenades de gaz lacrymogène pour disperser des rassemblements.
Amnesty recense également des cas de violations de violences faites aux femmes. Sur le sujet du droit à la santé, elle fait part du manque d’équipements de protection individuels pour le personnel soignant. L’organisation relève également la vulnérabilité des prisonniers notamment de la maison d’arrêt de Lomé où 6% des détenus avaient été testés positifs.
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