Le Togo célèbre l’unité des peuples africains. À l’initiative du ministre togolais des affaires étrangères, Prof Robert Dussey, Lomé a abrité lundi une manifestation culturelle, en prélude à la Journée de l’Afrique. Il a été question de célébrer ce qui unit les pays africains au-delà des frontières : leur culture, leur histoire, leur héritage commun, mais aussi une aspiration profonde à la justice, à la dignité et à la reconnaissance.
La journée de l’Afrique est célébrée chaque 25 mai depuis la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1963.
Une quinzaine de pays, des délégations diplomatiques, des chefs traditionnels et plusieurs personnalités togolaises ont répondu ont pris part à la célébration. Aux côtés de Prof Dussey, la ministre de la Communication, de la culture et des Médias, Yawa Kouigan, a également pris part à ce moment de communion continentale.
Les peuples africains en fête, mais lucides…
Placée sous le thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations », cette édition 2025 s’est articulée autour d’un programme aussi festif que symbolique. Expositions, stands gastronomiques, prestations artistiques, parades folkloriques… L’événement s’est transformé en véritable vitrine de la diversité africaine. Le slam engagé de l’artiste togolais Crédo a ouvert le bal, appel vibrant à la réparation, à l’unité et à l’intégration, salué par un public conquis.
Sur scène, les danses traditionnelles du Togo et du Bénin ont rivalisé de grâce avec les démonstrations venues du Cameroun, du Congo Brazzaville, de la Centrafrique, du Gabon, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée ou encore de la Sierra Leone. À travers leurs rythmes et leurs chorégraphies, c’est tout un pan du patrimoine africain qui s’est exprimé avec fierté. Les tenues traditionnelles portées par les différentes communautés ont, elles aussi, rendu hommage à cette richesse stylistique transmise de génération en génération.
Mais au-delà de l’esthétique, le message porté était profondément politique. Dans son intervention, le secrétaire général du ministère togolais des affaires étrangères, Ousmane Afo Salifou, a replacé la célébration dans son contexte historique et contemporain.
« Cette date emblématique ne peut se résumer à un simple rituel protocolaire », a-t-il lancé. Pour lui, il s’agit de « raviver la flamme de notre conscience commune », de réaffirmer l’attachement des États africains aux idéaux panafricains et à une justice historique encore attendue pour les peuples africains.
Le Togo, a-t-il rappelé, assume pleinement cette vision. Fidèle à sa diplomatie de paix et de dignité, le pays s’est illustré en février dernier lors du sommet de l’Union africaine, en initiant la décision historique reconnaissant l’esclavage, la déportation et la colonisation comme des crimes contre l’humanité. Une avancée majeure portée par le chef du gouvernement togolais, Faure Gnassingbé. Elle marque une étape importante dans la lutte pour la reconnaissance des souffrances infligées aux peuples africains.
Penser une nouvelle souveraineté africaine
En sa qualité de doyen du corps diplomatique africain au Togo, l’ambassadeur du Niger, Sidi Zakari, a livré un plaidoyer sans détour. S’il a rappelé les blessures d’un continent longtemps opprimé, il a aussi interpellé les Africains sur leur propre responsabilité dans les retards de développement que connaît encore l’Afrique.
« Il nous faut prendre notre destin en main, non pas pour l’autarcie, mais pour un partenariat équitable », a-t-il exhorté.
Selon lui, l’heure est venue pour les Africains de penser une nouvelle souveraineté : une souveraineté fondée sur la mémoire, mais tournée vers l’avenir, capable de créer les conditions d’un monde plus juste pour les générations à venir.
La manifestation s’est achevée dans une ambiance conviviale, autour de la dégustation des plats traditionnels proposés par les différentes communautés. Un moment de partage culinaire qui a, lui aussi, célébré l’âme du continent.
Mais l’agenda ne s’arrête pas là. Le 23 mai prochain, l’Université de Lomé accueillera une conférence-débat sur le thème de l’année. Une occasion pour les universitaires, diplomates, étudiants et leaders d’opinion de réfléchir collectivement aux enjeux historiques, politiques et culturels liés à la justice pour les peuples africains et leur diaspora.
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