Qui est finalement sorti « gagnant » de la 3e réunion du comité de suivi tenu lundi dernier à Conakry ? Alors qu’au niveau de l’opposition on salue une « victoire du peuple » qui se traduira par une reprise du processus électoral et un report des élections, le pouvoir de Lomé dénonce des contre-vérités et une « diversion de la Coalition pour redonner espoir à ses troupes ». Pour l’entourage de Faure Gnassingbé, Alpha Condé n’a jamais été en colère contre le pouvoir togolais. Là-bas, on assure qu’il n’y aura aucune reprise du processus électoral pour faire plaisir à la Coalition des 14 partis politiques.
« Le président guinéen n’est nullement contre le pouvoir de Lomé. Il y a une excellente détente entre le président Faure Gnassingbé et son homologue Alpha Condé », affirme un des collaborateurs de Faure Gnassingbé.
Très influente dans le Palais de Lomé 2, notre source accuse l’opposition de vouloir faire diversion en annonçant « une victoire du peuple » à l’issue des discussions de Conakry. Pour elle, il n’a été décidé ni reprise du processus électoral, ni report des élections.
« La reprise du processus électoral serait contraire aux décisions de la CEDEAO qui a fixé la date du 20 décembre ; Ce qui suppose des actes préalables à prendre… Il est facile pour l’opposition de jouer au dilatoire et vouloir repousser les dates. On ne s’en sortira jamais puisqu’elle fait toujours preuve de la mauvaise foi », affirme notre interlocuteur, l’un des plus écoutés de Faure Gnassingbé.
Ainsi, le pouvoir togolais soutient-il que « la feuille de route a toujours été respectée et nonobstant les blocages à dessein de l’opposition ». Cette position aurait été réaffirmée au président guinéen, avec des preuves à l’appui.
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La même source nous indique que la délégation du gouvernement togolais, composée des Ministres Gilbert Bawara, Payadowa Boukpessi et Damehame Yark, a expliqué au facilitateur guinéen que les autorités togolaises ont pris leurs responsabilités pour faire sortir le pays de la crise en tenant les élections législatives à date prévue.
« A un moment donné, tout gouvernement prend ses responsabilités. C’est ce que le gouvernement togolais fait. La facilitation le sait, c’est pour cela qu’elle n’a cherché à rien imposer en dehors de ce qui a été retenu par la CEDEAO », confie-t-elle.
L’entourage de Faure Gnassingbé dément une prochaine arrivée des facilitateurs à Lomé. La question n’a pas été du tout évoquée, nous dit-on.
A Conakry, la délégation gouvernement a refusé de céder une place sur son quota à l’UFC pour favoriser une recomposition rapide de la CENI. Pour le pouvoir, la majorité est déjà très désavantagée en acceptant d’avoir 5 représentants pour 62 députés contre 5 pour 29 députés. Egalement au sujet du recensement, les ministres togolais auraient soutenu qu’il n’est pas question de prendre en otage le processus électoral dans le non-respect des institutions de la République.
On comprend alors que les travaux de Conakry n’ont pas permis d’avancer sur la question togolaise. Le pouvoir et la coalition de l’opposition restent campés sur leurs positions et la énième tentative de médiation d’Alpha Condé n’a pas encore porté ses fruits.