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Togo : les Évêques catholiques alertent sur de ‘graves risques’

Louis KAMAKO
4 Min Read

La Conférence des Évêques du Togo (CET) a exprimé lundi son inquiétude face à l’évolution de la situation sociopolitique du pays. Dans un message, les évêques catholiques ont dénoncé une nouvelle fois l’adoption querellée de la Constitution du 06 mai 2024  marquant le passage à la Ve République. Ils appellent à un dialogue sincère entre tous les acteurs politiques pour éviter le risque que le pays court.

Pour la CET,  l’Église ne peut vivre sans le souffle de l’Esprit, soulignant que chaque citoyen est appelé à être « un canal de cette présence divine dans le monde ».  Les hommes de Dieu affirment  ainsi puiser leur parole dans l’écoute attentive des signes des temps et des ressentis du peuple togolais.

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Une inquiétude déjà exprimée en mars 2024

Les évêques catholiques ont tenu à rappeler qu’en mars 2024, ils avaient attiré l’attention des autorités sur le projet de révision constitutionnelle, jugé précipité et sans réelle consultation populaire.

« Nous avons appelé avec responsabilité et dans un esprit de paix, le chef de l’État à surseoir à la promulgation », précisent-ils. Mais ces appels sont restés lettre morte.

Le 3 mai 2025, le Togo est officiellement passé à la Ve République. Une transition politique majeure opérée  dans un contexte de forte crispation, de lourdeur dans les cœurs et de frustration générale provoquée par des conditions de vie précaires, selon le message de la CET.

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Ce changement constitutionnel, imposé sans véritable dialogue national, fait peser de lourds risques sur la stabilité du pays. Le silence imposé, la peur entretenue, le mépris de la voix du peuple sont autant de signaux alarmants, d’après les évêques.

« Une conviction nous habite : le pays court un risque en couvant les frustrations ; car une Nation ne se bâtit pas durablement sur le silence imposé, sur la peur suscitée et entretenue, sur le mépris de la voix de son Peuple ou encore sur un entêtement à faire croire au Peuple, le contraire du vrai. Les peurs, les frustrations tuent, se muent en actes désespérés et les colères muettes deviennent des déflagrations imprévisibles », avertissent-ils avec une force rare.

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Appel des évêques catholiques à un dialogue sincère

Dans une démarche d’apaisement, la Conférence épiscopale lance un appel pressant aux autorités à prendre conscience du malaise croissant, à écouter la voix du peuple avec respect  et surtout à initier un dialogue national franc, sincère, inclusif et constructif.

« Face à cette situation préoccupante, nous lançons cet appel pressant : ne résistons pas à l’Esprit. Qu’un processus d’apaisement soit engagé avec discernement à travers la tenue d’un véritable dialogue, franc, sincère, inclusif et constructif », a exhorté la CET.

Par ailleurs, les évêques catholiques rendent hommage à la résilience du peuple togolais, tout en soulignant que la résilience « n’est pas synonyme de résignation ». Ils rappellent que la paix véritable ne peut se construire sans justice, sans vérité, sans dialogue sincère.

Ils invitent également tous les acteurs — politiques, société civile, forces de sécurité, confessions religieuses — à œuvrer ensemble pour préserver l’unité, la paix et l’avenir du pays.

Un appel particulier est lancé aux fidèles catholiques pour intensifier les prières, notamment à travers une neuvaine préparatoire à la Pentecôte du 30 mai au 7 juin 2025, pour la justice, la dignité et le respect des droits de tous les citoyens.

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