A l’issue du sommet extraordinaire tenu à Lomé samedi dernier par la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, il a été décidé que les Présidents Nana Akufo-Addo du Ghana et Alpha Condé de Guinée poursuivent les efforts de facilitation au Togo pour la réalisation de réformes constitutionnelles. La coalition des 14 partis politiques de l’opposition togolaise, qui faisait mercredi le bilan des 3 jours de manifestations de la semaine dernière, a réagi à cette décision et souhaité que les deux chefs d’Etat conjuguent leurs efforts pour l’aboutissement du dialogue. Aussi, le regroupement de l’opposition attend-il des explications de Nana Akufo-Addo et annonce par la même occasion de nouvelles manifestations de rues pour la semaine prochaine.
C’est le Chef de file de l’opposition qui a abordé le sujet relatif à cette recommandation de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation sous régionale. Pour Jean-Pierre Fabre, il revient à Nana Akufo-Addo et à Alpha Condé de conjuguer leurs efforts pour jouer le rôle de facilitation avec le maximum d’efficacité.
« Ils se sont repartis le travail. La facilitation guinéenne était plutôt préoccupée par les mesures d’apaisement et la facilitation ghanéenne s’occupait des aspects politiques du dialogue. Lorsque la facilitation guinéenne a estimé que le niveau atteint par la réalisation des mesures d’apaisement lui permet de prendre un peu de recul, elle passait le relai à la facilitation ghanéenne. Aujourd’hui nous avons constaté comme vous que le sommet de la CEDEAO a remis en selle la facilitation guinéenne. Il leur revient de conjuguer leurs efforts pour jouer le rôle de facilitation avec le maximum d’efficacité. C’est tout ce que nous pouvons attendre d’eux », a déclaré le patron de l’ANC.
Jean-Pierre Fabre s’est également expliqué sur sa présence le samedi dernier à l’hôtel 2 Février où se déroulait le sommet des Chef d’Etat de la CEDEAO. Il a avoué y avoir rencontré Albert Kan-Dapaah, le ministre ghanéen de la sécurité qui a souhaité discuter avec lui du contenu du sommet de l’organisation.
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De son côté, Nathaniel Olympio, le responsable du Parti des Togolais a déclaré que la Coalition attend que le facilitateur s’exprime et qu’il précise ses intentions lorsqu’il a fait les recommandations de suspension des manifestations.
« Aujourd’hui, il y a une contradiction entre notre compréhension de ces recommandations et la manière dont le régime les interprète. Il est donc temps que le facilitateur nous situe sur le sens qu’il donne à ces recommandations », a-t-il dit.
La Coalition de l’opposition togolaise est largement revenue sur les manifestations de la semaine dernière et a condamné leur répression par le pouvoir de Faure Gnassingbé. Elle établit un bilan de plus de 253 arrestations dont 26 personnes encore en détention, 174 blessés dont 92 dans un état grave parmi lesquelles des femmes et des enfants, un mort et des dégâts matériels sur les biens de la population.
Le regroupement de l’opposition a annoncé avoir adressé une note d’information au ministère de l’administration territoriale pour les prochaines manifestations prévues pour la semaine prochaine.
« La coalition condamne avec la dernière énergie, le gangstérisme d’Etat du pouvoir RPT/UNIR. Le peuple togolais n’acceptera jamais de se voir déposséder de son droit constitutionnel de manifester. Quelles que soient les contorsions du pouvoir, le Togo accouchera sa démocratie cette année », a conclu la déclaration liminaire de Coalition, signée par Brigitte Adjamagbo-Johnson, la Coordinatrice du regroupement.
Notons que les Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO présents à Lomé samedi dernier ont invité toutes les parties prenantes dans la crise togolaise à s’abstenir de tout acte de violences afin de préserver la paix régionale.