Le gouvernement togolais a mis fin, le 19 septembre 2025, au mandat du Professeur Mawoulé Adama Kpodar à la tête de l’Université de Lomé (UL). Après seulement deux années d’exercice, le juriste cède sa place au Professeur Kossivi Hounaké, nouveau maître des lieux. Une décision inattendue qui intrigue le monde académique et politique.
Nommé en septembre 2023, Kpodar avait été accueilli comme un profil plus ou moins consensuel, à la fois technicien rigoureux et fin connaisseur des enjeux universitaires. Mais son mandat s’interrompt brutalement par décret présidentiel, sans aucune explication officielle. Le silence des autorités alimente les spéculations. Certains y voient un désaccord sur la gouvernance interne de l’UL. Pour d’autres, il s’agit d’un choix dicté par des considérations politiques, alors que le pays s’apprête à installer les institutions de la Ve République.
Mais le timing interroge. L’Université venait de fêter son 55ᵉ anniversaire et se préparait à lancer une nouvelle année académique. La mise à l’écart de Kpodar apparaît dès lors comme un signal : celui d’une reprise en main de l’État sur la plus grande institution publique d’enseignement supérieur du pays, où les tensions entre autonomie académique et contrôle politique demeurent vives.
Prof Adama Kpodar se concentre sur l’ENA
Si son départ de l’UL ressemble à une éviction, Adama Kpodar n’est pas relégué aux marges. Il conserve la présidence de l’École nationale d’administration (ENA), vitrine stratégique de la formation des hauts fonctionnaires. Une manière de rappeler que Kpodar reste un acteur du système, même si son influence s’en trouve redimensionnée.
Ses proches insistent sur sa volonté de poursuivre son engagement dans le champ académique et institutionnel. Dans un contexte où la recomposition du paysage politique – avec l’avènement du régime parlementaire – redessine aussi les équilibres universitaires, son avenir reste à suivre de près.
Le choix de confier l’UL à Kossivi Hounaké, juriste agrégé et ministre du gouvernement démissionnaire, illustre la tendance actuelle : l’alignement des grandes institutions sur la ligne politique du pouvoir de Faure Gnassingbé. L’éviction de Kpodar, sans rupture totale, traduit ainsi moins une sanction qu’une redistribution des cartes au profit d’acteurs jugés plus stratégiques pour la nouvelle séquence politique.
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