Wildaf Togo s’est senti interpellé par la mort de Justine, la fille de 13 ans qui a été donnée en mariage par son géniteur et qui finalement a succombé. Le réseau panafricain d’organisations non gouvernementales de droits des femmes et d’individus et ses partenaires ont invité mardi les autorités nationales à renforcer l’arsenal juridique en lien avec le mariage des enfants. Cette initiative de Wildaf Togo s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de son projet « Agir pour l’Abandon des Mariages d’Enfants » (AAME).
C’est un dossier qui a choqué et attristé plus d’un. Justine, 13 ans d’âge, a été donnée en mariage forcé par son père en remboursement d’une dette de 127 000 francs CFA. L’adolescente sera victime de violences physiques, émotionnelles et sexuelles au foyer. Désespérée, elle a tenté de se suicider en ingurgitant une substance toxique qui a fini par l’emporter.
Les faits se sont produits, à Asrama dans la préfecture de Haho et relancent le débat sur le mariage d’enfants au Togo et les mesures nécessaires pour mettre fin à ce fléau.
Mort de Justine : Wildaf Togo exige la fermeté
Pour Wildaf Togo, l’ONG FAMME et une trentaine d’organisations de la société civile, le drame de Justine doit amener à revoir les textes qui statuent sur le mariage forcé ou le mariage des mineurs au Togo.
« Nous plaidons en faveur de la révision de l’article 267 du code de l’enfant et 43 du code des personnes et de la famille qui autorisent une dispense d’âge à 16ans pour le mariage et les articles 269 du code de l’enfant et l’article 44 du code des personnes et de la famille qui admettent le consentement des mineurs. Ceci pour ne laisser aucune brèche ouverte pour marier les jeunes », soutiennent ces organisations.
Au Togo, 752.000 sont touchés par les mariages d’enfants, 31% de femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans, selon les chiffres de l’Unicef 2022. Dans certaines contrées du pays, ces chiffres atteignent des proportions inquiétantes, 94% à Takpamba, 72% à Tchanaga et 50% à KriKri. Ces chiffres représentent 7 filles sur 10.
AAME se déploie davantage
En réaction au mariage des enfants, il a été mis sur pied en 2023 le projet « Agir pour l’Abandon des Mariages d’Enfants (AAME) ».
Initié par le Women in Law and Development in Africa -Afrique de l’Ouest (WiLDAF-AO) et financé par AmplifyChange, il vise à contribuer à l’éradication du mariage d’enfants au Mali et au Togo.
Le projet fait le lien entre les mariages d’enfants et l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, met en place un mouvement fort et inclusif au Mali et au Togo pour l’abandon de ces mariages et l’amélioration des Droits et Santé Sexuels et Reproductifs (DSSR) des filles.
Le projet consiste à la tenue des campagnes de sensibilisation communautaire, l’organisation de débats publics, ateliers et dialogues intergénérationnel et le dialogue national avec les acteurs étatiques.
A partir de la mort de Justine, Wildaf Togo et ses partenaires comptent intensifier des plaidoyers pour renforcer et améliorer les lois et politiques dans le but de protéger les adolescentes. Ceci conformément aux objectifs de l’AAME.
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