Au Togo, les litiges fonciers sont légions et constituent l’une des causes qui divisent davantage les communautés. A la direction de la recherche et de l’innovation de l’Université de Lomé, le sujet est devenu préoccupant et l’on a décidé de revisiter l’histoire de la colonisation pour aider à résoudre les différends. C’est dans cet esprit, que le département que préside Prof Joseph Tsigbe a organisé jeudi dans le temple du savoir une conférence d’actualité sur le thème « Des terres ‘’sans maîtres’’ ! ».
Des Terres ‘’sans maîtres’’ ! L’histoire de la colonisation du centre et du sud-Togo, 1902-1992 est un ouvrage du Prof Badjow Koffi Tcham.
Le conférencier du jour a démontré que la colonisation est à l’origine des litiges fonciers au Togo. Pour lui, c’est un processus qui a été enclenché par l’administration coloniale allemande à partir de 1902 installant des populations dans les camps dits de redressement.
Lorsque les Allemands sont partis, les français ont repris la politique de colonisation pour la mise en valeur des terres du centre. Les populations ont été désignées et cela a été fait en plusieurs étapes.
« A la veille de l’indépendance du Togo, il y a avait plus de 300 villages qui ont été installés dans la zone que nous appelons camps de redressement », a-t-il révélé.
Prof Tcham conclut que suite à l’ambition du colon, les communautés qui vivaient entre elles ont été disloquées et n’ont pas été intégrées. Il y a eu, déplore-t-il, des expulsions qui ont débouché sur les litiges fonciers avec pour exemple les massacres perpétrées dans les années 90 dans la région des plateaux.
« Aujourd’hui, il faut trouver une solution à ces communautés qui ont été déplacées malgré elles, régler leur situation sur le plan foncier pour une cohésion nationale », a conseillé l’auteur.
Litiges fonciers et recherche
La tenue d’une telle conférence d’actualité marque la volonté des enseignants chercheurs de changer de paradigme : Ne plus rester cloîtrer dans les murs de l’université de Lomé mais faire profiter des fruits des recherches aux communautés.
« Si la recherche marche, il faut que la communauté au sein de laquelle nous vivons puisse s’en rendre compte. L’une des missions de l’université c’est de servir à la communauté. Les questions qui taraudent l’esprit du citoyen doivent aussi s’inviter dans le temple du savoir pour que les universitaires se prononcent là-dessus », a expliqué Prof Tsigbe.
Le directeur de la recherche et de l’innovation de l’Université de Lomé ajoute qu’en débattant de l’ouvrage du Prof Tcham, les universitaires entendent revisiter l’histoire coloniale en vue d’amener les communautés à mieux comprendre les ressorts de litiges fonciers qui surgissent et qui opposent les peuples.