C’est le 24 novembre prochain que s’ouvre la 14e édition de la Foire internationale de Lomé au Centre togolais des expositions et foires de Lomé (CETEF-Togo 2000). L’organisation de cet évènement se déroule sereinement. Et malgré la situation sociopolitique difficile que traverse le Togo, les organisateurs précisent que toutes les dispositions sont prises pour la tenue et la réussite de cette édition.
Dans une interview accordée à « Togo Breaking News », Kueku-Banka Johnson, le Directeur général du CETEF a estimé qu’il n’y aucune raison de ne pas tenir la 14e édition de la Foire de Lomé aux dates prévues.
« Il est bien vrai que la situation de l’heure a fait que les gens se sont inscrits avec la prière que tout se passe bien. Il y a longtemps que nous savons que tout va bien se passer et nous sommes heureux qu’au niveau politique la tension commence par baisser. Nous souhaitons que cela continue pour qu’on puisse avoir une bonne foire », a-t-il déclaré dans cette interview ci-après où il égrène également les dispositions sécuritaires prises, détaille le thème de l’édition et brosse le programme arrêté pour la foire.
Quel est le niveau de l’organisation à une semaine de la 14e Foire internationale de Lomé ?
Kueku-Banka Johnson: La foire est un évènement que nous organisons depuis des années. Nous sommes à la 14e édition. Il y avait 4 éditions avant moi donc ça fait 10 éditions que j’organise. C’est vrai qu’il y a cette pression chaque année mais au fil des temps, on devient aguerri par le fait de faire la même chose. Aujourd’hui, nous n’avons pas cette pression comme il y a peut-être cinq ans. Sur certains points, l’expérience est là et c’est pour ça qu’on a plus cette pression.
Et au niveau des exposants aussi, ils viennent maintenant s’inscrire beaucoup plus tôt. Le gros problème qu’on avait était que les gens attendaient toujours les derniers moments pour s’inscrire ; ce qui nous mettait dans un stress impossible. On se posait la question de savoir si on aura autant d’exposants et puis subitement ils débarquent. Cela faussait un peu l’organisation. Mais depuis deux, trois ans, nous avons constaté que ce n’est plus cela et la pression diminue. A une semaine du début de la foire, nous avons déjà une physionomie de ce que sera les pavillons qui sont remplis autour de 75-80%. Ce qui nous oblige à aller à la foire parce qu’avec ce chiffre, on peut se dire que ça peut aller.
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Il est bien vrai que la situation de l’heure a fait que les gens se sont inscrits avec la prière que tout se passe bien. Il y a longtemps que nous savons que tout va bien se passer et nous sommes heureux qu’au niveau politique la tension commence par baisser. Nous souhaitons que cela continue pour qu’on puisse avoir une bonne foire.
Justement par rapport à la tension politique, avez-vous eu peur que la foire soit annulée ou reportée par les autorités ?
Nous nous étions interrogés parce que nous ne savons pas trop ce qui allait se passer. Mais aujourd’hui, il n’y a plus rien qui nous oblige à aller à un report ou une annulation dans la mesure où au plan politique les problèmes sont en train de se résoudre avec le dialogue annoncé. La tension baisse. Au niveau des manifestations tout se déroule bien. La tension a sensiblement baissé et cela conforte notre optimisme à aller à la foire.
Y a-t-il eu une influence de la crise sociopolitique sur les inscriptions des exposants ?
Il y a eu quelques exposants qui s’étaient inscrits et qui a voulu se retirer. Ce sont des opérateurs économiques qui sont très frileux. Ils se sont posés beaucoup de questions. Mais nous avons beaucoup parlé avec eux pour les rassurer que les choses vont bien se passer. La majorité est restée et avec cette majorité on peut faire la foire. En plus, nous n’avons pas fini d’enregistrer les exposants. Mais en tout état de cause, ce sera après le début de la foire et par rapport à nos chiffres que nous allons pouvoir déterminer l’impact de la crise. Pour l’instant, nous sommes optimistes du fait que les inscriptions aient repris.
Combien d’exposants et de visiteurs attendez-vous pour cette 14e édition de la foire de Lomé ?
Nous avons atteint il y a deux ans, un niveau assez extraordinaire. Nous étions au-delà des 300 000 visiteurs et plus de 950 exposants. Mais cette année, il est possible qu’au niveau des exposants on ait une baisse par rapport à ce qu’on avait eu par le passé dans la mesure où il y a bonne partie des artisans qui ne seront pas là dû au fait qu’un des lieux qu’ils occupaient, le pavillon Fazao, soit réquisitionné par les autorités et qui n’est pas donc pas fonctionnel.
Le thème de l’édition : le numérique au service des affaires. Qu’est-ce qui a inspiré ce thème et quelles sont les attentes ?
Nous avons initié les thèmes au niveau de la foire de Lomé pour réveiller les esprits. L’idée est de permettre à notre pays de profiter de certaines inventions au plan technologique. Il y a deux ans nous avons parlé des énergies renouvelables mais on n’en parlait presque pas au Togo. Cela n’a pas été facile. Nous sommes allés chercher les opérateurs de ce domaine pour qu’ils viennent exposer. Il y avait eu un salon qui a réuni les acteurs du domaine. A l’issue de la foire, les opérateurs nous avaient communiqué des chiffres extraordinaires qu’ils ont réalisés.
A chaque fois, nous cherchons un créneau porteur pour révolutionner un certain nombre de secteurs. Et c’est le cas du numérique aujourd’hui. Chez nous, il faut reconnaître qu’on est encore à la traîne dans ce domaine. Nous nous sommes dits qu’en le faisant cela va apporter un plus à l’économie nationale.
Déjà plus acteurs sont intéressés. Il y a par exemple Ecobank qui arrive avec son application numérique et nous travaillons avec eux pour faciliter les entrées en ce sens que les visiteurs peuvent acheter leurs billets depuis chez eux s’ils ont un compte Ecobank ou ouvrir directement le compte avec leurs numéros de téléphone. Il y a Moov qui sera là avec Flooz pour faciliter également l’achat des billets pour avoir l’accès à la foire. Les caissiers ne toucheront plus de l’argent et cela facilite l’entrée. Le numérique est un élément facilitateur.
De l’autre, nous avons demandé à tous les opérateurs qui évoluent dans le domaine d’en parler parce que c’est le thème de la foire. Nous aurons un espace numérique grâce à nos partenaires notamment le Groupe Togo Telecom et Moov où les jeunes start-up auront à exposer sur leurs applications déjà opérationnelles et d’autres qui sont en voie de l’être. Il y a beaucoup de jeunes qui innovent, qui travaillent mais qui sont dans l’anonymat. C’est l’exemple de ce jeune qui a développé une application pour tester la potabilité de l’eau et pour détecter des nappes d’eau.
Quelles sont dispositions prises sur le plan sécuritaires ?
Nous ne lésinons pas sur les moyens en ce qui concerne la sécurité. Un problème sécuritaire apportera une touche très négative à la foire. Nous avons pris des dispositions pour éviter les soucis sécuritaires. Il y a plusieurs niveaux de sécurité qui opère en même temps. Cela nous permet d’éviter les soucis liés au vol des produits. Nous avons pris des dispositions au niveau de la police, de la gendarmerie et de la sécurité privée pour assurer la sécurité des exposants. Au niveau des visiteurs, ils sont systématiquement fouillés avec des détecteurs de métaux. Cette année nous irons encore plus loin. Nous allons faire intervenir la brigade canine afin de détecter les explosifs. D’autres mesures supplémentaires sont prises pour contrôler l’intérieur de la foire. Le gouvernement aussi est très conscient du problème sécuritaire et nous aurons un fort appui du ministère de la sécurité.
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Par rapport à ce que nous vivons, nous allons mettre beaucoup d’accent sur l’extérieur. Avec la police routière nous allons prendre des dispositions pour que pendant la foire, la devanture de la foirer ne connaisse pas de circulation. L’année dernière, il y a eu un peu de relâchement aux dernières heures de la foire et il y a eu ce malheureux évènement. Nous allons veiller jusqu’au bout parce que la foire draine un monde assez extraordinaire et il va falloir que nous soyons vigilants.
La foire, c’est aussi de la culture et du spectacle. Qu’est-ce qu’il y a de prévu pour cette édition ?
Tout va commencer dès l’ouverture d’ailleurs avec un concert gospel. Les autres jours et week-end, avec nos partenaires, Moov, le Groupe Togo Telecom, il y aura des séries de concerts. Mais nous mettons l’accent sur les jeunes artistes qu’il faut promouvoir.
De plus, un togolais de la diaspora se propose de nous faire un espace vraiment ludique de jeux, de lumière, etc. Nous avons pensé aux enfants et nous avons convenu avec la maison TV5Monde qui va déplacer sa bibliothèque pour jeunes et enfants afin qu’ils soient initiés à la lecture. D’autres opérateurs auront la possibilité de créer des espaces pour enfants où ils pourront s’amuser, prendre des photos et gagner des cadeaux avec des pères Noël.
Il y aura aussi des sensibilisations sur des maladies non-transmissibles qui sont aujourd’hui les causes de plusieurs décès. Il y a une ignorance et personne n’en parle. Des gens traînent des diabètes sans le savoir, des femmes traînent des cancers du sein sans le savoir.
Y aura-t-il un pays invité d’honneur ?
Nous avions pensé au Nigéria. C’est d’ailleurs ce pays qui nous avait approchés à la fin de la dernière édition. Mais pour une fois depuis cinq ans, il n’y aura pas un pays invité d’honneur dû au fait qu’il n’y avait pas un diplomate sur place avec qui il faut travailler. Nous avons beaucoup essayé mais malheureusement, cela n’a pas marché. L’ambassadeur vient d’être accrédité il y a à peine un mois. Le temps est relativement court pour faire ce travail.
Par contre, l’Egypte est revenue en force. Les exposants égyptiens ont été intéressés parce qu’à la fin de la dernière foire, tous leurs produits avaient été enlevés. Ils étaient repartis avec des containers vides. Cela les a poussés à revenir occuper 350 m2 avec 25 entreprises. Ils sont donc la plus forte communauté en termes de représentativité.
Nous avons des exposants qui sont venus d’une quinzaine de pays.