Dans une rare sortie publique, l’ambassade des États-Unis à Lomé a lancé, vendredi 11 avril, un appel sans équivoque aux familles togolaises ayant des proches en situation irrégulière sur le sol américain. Une déclaration qui s’inscrit dans le durcissement brutal de la politique migratoire mise en œuvre par la nouvelle administration Trump, réélue en janvier dernier pour un second mandat.
« Si des membres de votre famille ou des amis se trouvent aux États-Unis sans statut légal, encouragez-les à rentrer chez eux. Les sanctions pour séjour illégal sont sévères et peuvent aller jusqu’à l’interdiction permanente d’obtenir un visa », peut-on lire dans une note officielle de la mission diplomatique.
Une communication ferme, quasi dissuasive, qui tranche avec le ton plus feutré habituellement employé en matière de coopération consulaire. L’ambassade, visiblement soucieuse d’éviter des expulsions spectaculaires ou des mesures irréversibles, tente de responsabiliser les proches restés au pays, les appelant à jouer un rôle actif dans les décisions de retour volontaire.
Une ligne dure assumée par les États-Unis
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump n’a jamais caché son intention de mener une vaste opération de « nettoyage migratoire », selon les termes mêmes employés lors de plusieurs rassemblements de campagne. Une stratégie désormais traduite dans les faits, avec une accélération des arrestations, des procédures d’expulsion et la mise au ban de plusieurs pays africains.
La dernière illustration de cette politique est tombée le 5 avril : les États-Unis ont purement et simplement révoqué tous les visas des ressortissants sud-soudanais. Washington accuse Juba de refuser le retour de ses citoyens expulsés et a décidé de frapper fort. C’est la première fois que l’administration américaine applique une mesure aussi radicale à l’encontre de toute une nationalité. Un précédent qui inquiète jusqu’au golfe de Guinée.
Togo : ni cible directe, ni hors de portée
Pour l’heure, le Togo n’est pas visé par une mesure similaire. Aucun chiffre officiel n’est disponible sur le nombre de Togolais en situation irrégulière aux États-Unis, mais selon des estimations croisées de plusieurs ONG et consulats africains, la communauté togolaise compte plusieurs milliers de ressortissants, concentrés notamment dans les États de New York, du Maryland et du Texas.
Le ton adopté par l’ambassade américaine à Lomé laisse néanmoins présager d’un resserrement de l’étau. L’administration Trump pourrait conditionner à l’avenir l’octroi de visas à la « coopération migratoire », selon une logique désormais bien ancrée : pays réticent à accepter ses expulsés = pays sanctionné.
« Il est dans l’intérêt des familles de prévenir toute mesure drastique en facilitant un retour volontaire », glisse un conseiller consulaire sous couvert d’anonymat.
Un dilemme pour les familles togolaises
Ce nouvel appel de Washington place de nombreuses familles dans une posture délicate. Encourager un proche à quitter les États-Unis, c’est lui faire perdre une opportunité souvent acquise au prix de lourds sacrifices. C’est aussi, parfois, admettre l’échec d’un projet migratoire nourri d’espoirs et d’endettement.
Mais face à la menace d’une interdiction définitive de visa, les familles togolaises pourraient bien être contraintes de revoir leur stratégie. D’autant que Lomé, discret sur le sujet, reste aligné sur la ligne diplomatique américaine et évite soigneusement toute posture de confrontation.
À mesure que le second mandat de Trump prend forme, la diplomatie des visas s’annonce comme l’un des outils préférés de la nouvelle doctrine migratoire de Washington. Et le Togo, comme bien d’autres pays d’Afrique subsaharienne, devra composer avec cette nouvelle réalité.
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