Nouvelle fracture dans l’espace francophone. Le Niger a annoncé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le pays franchit ainsi un nouveau cap dans sa politique de rupture avec l’ordre institutionnel et diplomatique hérité de la colonisation. Le divorce avec Paris, déjà consommé sur le plan militaire et économique, s’étend désormais au champ culturel et linguistique.
C’est par un courrier officiel que le Niger a confirmé son retrait de l’organisation. « Le gouvernement nigérien a décidé souverainement du retrait du Niger de l’Organisation internationale de la Francophonie », a notifié Laouali Labo, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, dans une lettre adressée aux représentations diplomatiques du pays.
Un départ confirmé par l’OIF elle-même : « Le Niger a écrit à la France et la France nous a informés de cette notification », a déclaré Oria K. Vande Weghe, porte-parole de l’organisation, sur TV5 Monde.
Ce retrait intervient après la suspension du Niger de l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’organisation, tout comme plusieurs partenaires occidentaux, exigeait depuis plusieurs mois un retour à l’ordre constitutionnel et la libération de l’ancien président, toujours détenu à Niamey.
L’effet domino se poursuit
De son côté, le Burkina Faso aurait également opté pour la même démarche, selon plusieurs sources diplomatiques, même si aucune communication officielle n’a encore été faite à Ouagadougou.
« Bien entendu, les gens s’attendent peut-être à ce que le Mali suive », a ajouté la porte-parole de l’OIF, en référence à l’alliance tripartite que forment désormais les trois États au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Depuis leur retrait collectif de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en janvier dernier, le Niger, le Burkina Faso et le Mali poursuivent leur stratégie d’émancipation vis-à-vis des institutions régionales et internationales qu’ils estiment alignées sur les positions françaises.
« C’est une décision que nous déplorons mais que nous respectons », a poursuivi Oria K. Vande Weghe, qui regrette une rupture « dictée par une situation géopolitique qui dépasse l’OIF ».
Fin de la Francophonie au Sahel ?
En parallèle, les trois pays sahéliens consolident leurs relations avec de nouveaux partenaires, notamment la Russie, multipliant accords militaires et projets de coopération sécuritaire. Le retrait de l’OIF s’ajoute ainsi à une série de décisions qui illustrent leur volonté de se désengager des structures perçues comme des instruments d’une influence occidentale persistante.
La Francophonie, qui réunit aujourd’hui 91 États et gouvernements et dont la mission repose sur la promotion de la langue française, de la diversité culturelle et des droits de l’Homme, voit ainsi son empreinte s’éroder dans une région longtemps considérée comme son bastion naturel. Un revers pour l’organisation, à l’heure où la contestation des anciens schémas d’intégration régionale ne cesse de prendre de l’ampleur au Sahel.
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