La journée internationale du travail ou encore la fête des Travailleurs a été observée dimanche au Togo. Le mouvement ouvrier n’a pas eu l’occasion, comme en 2020 et 2021, de faire des manifestations, pour cause de la pandémie à coronavirus. La célébration a été marquée par une séance spéciale du Conseil national du dialogue social (CNDS) présidée par le ministre togolais en charge du travail, Gilbert Bawara. Les centrales syndicales ont présenté leurs doléances, de même que les organisations patronales. Occasion pour M. Bawara d’adresser plusieurs messages aux travailleurs togolais.
Aux spéciaux, des assistances spéciales. La séance du 1er mai du CNDS a enregistré la participation de plusieurs membres du gouvernement. En dehors du ministre Gilbert Bawara, on notait la présence effective de Prof Dodzi Kokoroko, en charge des enseignements, Prof Moustafa Mijiyawa en charge de la santé, Kodjo Adedze, du commerce et de l’industrie, Adjovi Apedoh-Akomah, de la ministre de l’action sociale, de Sani Yaya, ministre de l’économie et des finances et de Rose Kayi Mivedor, ministre de la promotion des investissements.
De l’autre côté, on notait la participation des 7 centrales syndicales, des représentants des fédérations ou syndicats de base des secteurs de la santé et de l’éducation, des organisations professionnelles d’employeurs, notamment le Conseil national du patronat, l’Association des grandes entreprises du Togo et la chambre de commerce et d’industrie du Togo.
La fête des travailleurs et les doléances
Devant la forte équipe gouvernement, les centrales syndicales ont salué les efforts du gouvernement pour relever le défi sanitaire et d’avoir rendu le pays socio-économiquement résilient. Elles ont salué également les discussions engagées par le gouvernement dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Elles ont félicité le dynamisme imprimé aux questions d’allocations de départ à la retraite dans la fonction publique, l’extension de la couverture maladie à tous, la résolution des problèmes des travailleurs et les mesures prises par le gouvernement face à la situation de la vie chère.
Mais les représentants des travailleurs notent que « les approches de solutions ont donné des résultats en deçà de la satisfaction de tous ».
Les organisations syndicales ont sollicité plus de moyens afin de mieux prendre en charge les questions du secteur de l’éducation et de la santé à travers une éducation ouvrière approfondie et continue. Elles ont demandé une harmonisation du paiement des allocations de départ à la retraite.
Elles pointent une révision peu consensuelle du Code du travail dont l’application a aggravé la situation de plusieurs employés licenciés par leurs employeurs sur la base des nouveaux textes.
« Les centrales syndicales ont acté les mesures gouvernementales pour atténuer la cherté de la vie. Toutefois, ces mesures restent partielles et insuffisantes. Les approches de solutions doivent aller plus loin, jusqu’au relèvement des pensions surtout et des salaires. A ce propos, les centrales syndicales entendent reprendre prochainement les négociations avec le gouvernement », a déclaré Vissikou Senouvo, Secrétaire général de l’Union Nationale des Syndicats Indépendants du Togo (UNSIT) et porte-parole de la Confédération des centrales syndicales du Togo.
Les organisations syndicales souhaitent avoir une suite conséquente à leurs doléances de la part du gouvernement.
Au nom des organisations patronales, le président du Conseil national du patronat (CNP) plusieurs actions du gouvernement notamment l’adoption d’un nouveau code de travail, l’instauration de la santé universelle, la dynamisation du cadre de concertation Etat-Secteur privé et autres soutiens au secteur privé.
« Le secteur privé togolais salue tous ces efforts du gouvernement visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs d’une part et d’autre part à assurer l’amélioration du climat des affaires. Il se réjouit des récentes mesures prises par le chef de l’Etat à l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance du Togo en vue de lutter contre la vie chère à laquelle sont confrontés tous les togolais. Nous encourageons le gouvernement à faire davantage », a déclaré Laurent Coami Tamegnon.
Le responsable du patronat a réclamé plus de moyens au secteur privé togolais en vue de lui permettre de contribuer plus efficacement à la lutte contre la vie chère au profit des autorités publiques.
M. Tamegnon a invité le gouvernement à régler la question des problèmes fonciers, la pression fiscale forte et la concurrence déloyale qui constituent des problèmes qui sapent la dynamique d’investissement.
Se prononçant à l’occasion, le ministre en charge du travail et du dialogue social, a salué l’honnêteté des organisations des travailleurs qui ont reconnu les efforts fait par le gouvernement dans tous les secteurs pour atténuer la vie chère aux togolais.
Les annonces de Gilbert Bawara
Gilbert Bawara a, au nom du gouvernement, pris acte du cahier des doléances énumérées par les organisations syndicales et bonne note des préoccupations exprimées par les organisations professionnelles des employeurs.
Le ministre en charge du travail et du dialogue social a réaffirmé la volonté de dialogue et annoncé des initiatives pour apaiser davantage le climat social et trouver des solutions durables pour répondre à certains défis et préoccupations des travailleurs.
Parmi ces initiatives, on note d’abord le lancement imminent des tournées régionales par le comité de suivi et d’évaluation du Protocole d’accord relatif au secteur de l’éducation, conclu en avril 2018. Ces tournées, selon Gilbert Bawara, ont pour objectifs de vulgariser et disséminer le contenu et la portée du protocole d’accord et du mémorandum d’entente du 10 mars 2022. Elles vise à promouvoir de larges concertations et des échanges plus approfondis afin de mieux associer les acteurs concernés, en particulier les enseignants, les chefs d’établissements scolaires, les parents d’élèves, les autorités locales et les forces vives aux réformes et aux mesures déjà entreprises. C’est aussi pour mieux prendre en compte certains facteurs et certaines réalités sur le terrain.
Le ministre Bawara a annoncé un forum de dialogue social sur les normes internationales et nationales en matière de syndicalisme ou liberté syndicale. Un évènement qui permettra d’évoquer les innovations et avancées consacrées par le nouveau code du travail et le code de sécurité sociale.
Ce forum, initié avec l’appui et la participation du bureau international du travail (BIT) regroupera les centrales syndicales, les syndicats de base des secteurs de la santé, de l’éducation, des industries, des services et de la zone franche ainsi que les corporations professionnelles des employeurs. Il s’inscrit dans les efforts du gouvernement pour renforcer l’éducation ouvrière, promouvoir un syndicalisme responsable et rénover le dialogue social dans notre pays et préserver la compétitivité, l’attractivité et la productivité de l’économie togolaise.
Le gouvernement annonce aussi la poursuite des négociations bilatérales ou tripartites sur tous les autres sujets d’intérêt commun pour les travailleurs, les employeurs et le gouvernement, y compris la question de la revalorisation SMIG, le renforcement des protections sociales et le respect des normes et conditions du travail décent dans les entreprises.
Appel aux togolais
Le ministre Bawara appelle à une mobilisation pour améliorer davantage la situation sociale. Il appelle à garantir un climat de paix et de sérénité qui ne se décrète pas, ni par les lois et les décrets mais par les attitudes et les comportements.
Notons que la session spéciale s’est déroulée dans une ambiance conviviale et des échanges cordiaux. Gilbert Bawara, a loué les efforts et la contribution des travailleuses et des travailleurs de tous les secteurs d’activités pour maintenir la résilience et le dynamisme de l’économie togolaise malgré le contexte difficile.
Un hommage a été rendu à la mémoire des deux dirigeants de centrales syndicales décédés ces derniers mois, notamment Ephrem Tsikplonou et Koffi Guezo.
Tout comme le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, M. Bawara invite les Togolais à plus de patriotisme, de discipline et d’ardeur au travail. Sans oublier la cohésion, l’unité et l’esprit de responsabilité pour continuer à bâtir une nation harmonieuse et prospère.