Les prochaines élections consulaires à la Chambre du commerce et d’industrie du Togo (CCI-Togo) sont au centre des préoccupations. Plusieurs opérateurs économiques commencent par rougir relativement aux dernières mesures prises tant concernant les conditions d’inscription que celles encadrant les candidatures. Et dans un contexte électoral au plan national avec les préparatifs des élections législatives et régionales, d’aucuns se demandent s’il n’est pas mieux de prendre du temps pour permettre aux opérateurs économiques de se choisir des dirigeants dignes pour la CCI-Togo.
Par deux fois en janvier dernier, la période d’inscription sur la liste électorale consulaire de la CCI-Togo a été prorogée. La première le 12 janvier et la 2e fois le 31 janvier 2024. Une 3e prorogation s’est avérée nécessaire, tant le nombre d’opérateurs économiques s’enregistrant est assez maigre pour élire un bureau représentatif du secteur privé togolais fort, au vu des chiffres officiels de plus de 150 mille entreprises enregistrées.
Faible mobilisation des acteurs
Selon certaines indiscrétions, la commission électorale consulaire n’a réussi à enregistrer actuellement que quelques 300 opérateurs économiques. Cette faible participation des opérateurs économiques au processus en cours pour l’élection du bureau consulaire a d’ailleurs été constaté par le gouvernement le 31 janvier dernier en Conseil des ministres.
La 3e prorogation décidée le 14 février dernier par la ministre en charge du commerce, Rose Kayi Mivedor avait pour but de permettre à plus d’acteurs concernés à se faire enrôler en vue de rendre les élections. Mais cette dernière prorogation souffrait d’une carence, selon plusieurs opérateurs économiques.
En effet, la décision pourtant signée le 14 février n’a été rendue publique que le vendredi 16 février. En vrai, les opérateurs économiques concernés n’ont finalement que 3 jours pour s’inscrire. Le week-end ayant bouffé deux jours, en plus des deux jours de retard qu’a pris la décision avant d’être publiée.
Ce qui contraste quelque peu avec la volonté affichée de permettre à plus d’opérateurs économiques établis au Togo et exerçant dans les secteurs du commerce, de l’industrie et des services sont invités à s’inscrire massivement sur les listes électorales.
De même, le gouvernement avait étendu le champ d’intervention du ministère du commerce dans le cadre du processus électoral des membres consulaires. Ainsi, la ministre Rose Kayi Mivedor devrait fixer, ou plutôt modifier par arrêté, les conditions d’éligibilité et d’inscription sur la liste électorale consulaire ainsi que la durée d’inscription.
Et selon les modifications apportées aux conditions d’éligibilité notamment, on apprend qu’au niveau national les candidats des secteurs du commerce, de l’industrie, des services financiers et des télécommunications doivent disposer de 10 salariés déclarés à la caisse. Pour la 2e catégorie, dans la catégorie services non financiers et télécommunications, il faut disposer de quinze (05) salariés déclarés.
Pendant ce temps, les candidats au niveau régional doivent disposer d’au moins un (1) salariés déclarés.
Vers des élections consulaires à minima ?
Quand on compare ces conditions avec ce qui se fait dans la sous-région, notamment au Bénin par exemple où il faut au moins 20 employés déclarés pour prétendre être candidat à la présidence de la chambre du commerce, il y a lieu de se demander pourquoi l’on ne prend pas le temps pour bien faire les choses. La chambre du commerce et d’industrie étant une structure vitrine d’un pays qu’il faut prendre au sérieux, on comprend mal pourquoi certains tentent d’accélérer le processus électoral qui pourrait aboutir à l’élection d’un bureau non représentatif.
De plus, les nouvelles conditions changent substantiellement les règles du jeu. Et une fois que les règles de la compétition changent, il aurait été bienséant d’accorder plus de temps aux acteurs pour s’y conformer afin de postuler. A moins que la volonté est de baliser le chemin à des personnes déjà désignées pour accéder à la tête de la CCI-Togo. Un reproche qui avait poussé le gouvernement à suspendre le processus électoral que conduisait Germain Meba en 2020 et de remplacer le bureau de ce dernier par une délégation spéciale.
Pendant qu’on y est, le gouvernement a déclenché le processus devant aboutir à deux élections au niveau national le 13 avril prochain. Il s’agit des élections législatives et régionales qui seront couplées pour la première fois dans l’histoire politique du pays. On note que plusieurs opérateurs économiques se mobilisent actuellement pour lesdites élections et sont moins préoccupés par les élections consulaires. Le manque d’engouement pour l’inscription sur les listes électorales le prouve largement.
Les élections nationales d’abord
Et selon un petit sondage réalisé, plusieurs voudraient bien que ces élections consulaires soient repoussées pour donner la priorité aux élections au niveau national.
« Actuellement, c’est la période de la précampagne pour les élections législatives et régionales. Plusieurs opérateurs économiques sont sur le terrain en train de travailler pour ces scrutins. Il serait bienséant de repousser les élections consulaires jusqu’à la fin des élections au niveau national. Cela permettra à chacun d’être concentré sur l’organisation de ces élections qui sont très importantes pour l’évolution de la CCI-Togo », suggère un économiste togolais.
La CCI-Togo est l’entité représentative du secteur privé et faisant le pont avec le gouvernement. Le processus électoral de ces dirigeants a démarré en décembre 2020 à la suite de la mise en place de la délégation spéciale consulaire, dirigée par Nathalie Bitho. Cet organe intérimaire a procédé à la relecture des textes de la Chambre.
La délégation spéciale avait été mise en place suite à la suspension en septembre 2020, par les autorités togolaises, du processus électoral conduit à l’époque par Germain Meba, le président sortant d’alors qui était en bras de fer avec certains opérateurs économiques.