Dr Komi Abalo invite les Etats africains à repenser leurs modèles de développement économique en valorisant les solutions issues des réalités locales. Dans une conférence qu’il a animée à l’Université de Montréal au Canada, le Togolais, titulaire d’un double doctorat en histoire des Relations, démontre que les stratégies de développement adoptées par les dirigeants africains au lendemain de l’indépendance sont élaborées par des économistes et experts étrangers.
La conférence a été placée sous le thème «le développement économique de l’Afrique vu par les Africains ». Elle a permis de rappeler l’urgence de mettre les Africains au centre des réflexions sur le développement de leur continent.
Par ses analyses et son appel à l’action, le conférencier a encouragé une prise de conscience collective, jetant les bases d’un dialogue essentiel pour construire un avenir où l’Afrique sera maître de son destin. Il a également rappelé que l’Afrique doit faire un plaidoyer pro domo, c’est-à-dire l’avocat de sa propre cause à travers des réflexions stimulantes et des échanges enrichissants.
Echec d’un modèle économique arrimé sur celui des étrangers
Dans son exposé, Dr Komi Abalo a révélé que les États africains dans leur marche vers le décollage économique ont essayé ensemble de s’en sortir en adoptant deux approches : l’une préconise le multilatéralisme, et l’autre table sur une démarche individuelle. Certains, en revanche, ont essayé de façon solitaire des expériences purement économiques et monétaires. Parfois, les plans de sécurité proposés par les institutions internationales ont été torpillés.
Ce développement, tel qu’il ressortait des déclarations de politique générale des leaders africains visait tout d’abord le « bien-être » de leurs populations dans leur ensemble. Ce « bien- être » peut concevoir à un point de vue comme l’accession des populations africaines à un niveau de vie matériel élevé c’est-à-dire l’acquisition accrue des biens de consommation, la création d’une importante infrastructure sociale facilitant l’élimination de l’ignorance, de la misère et de la maladie.
« L’Afrique ne doit pas rattraper l’Occident mais doit définir sa propre voie de développement. Par la suite, l’accession à un degré de liberté politique pour que ces populations puissent réaliser pleinement leur émancipation culturelle », a souligné Dr Abalo.
De là, il soutient qu’il Il est indispensable pour l’élite africaine de dresser un bilan critique des actions de développement menées depuis l’indépendance afin de déceler les causes des mauvaises performances économiques et sociales enregistrées en Afrique.
Comprendre les mauvaises performances
Le conférencier renseigne que pour comprendre ces mauvaises performances, il faut se reporter aux stratégies de développement adoptées par les dirigeants africains au lendemain de l’indépendance, ainsi qu’au mode de fonctionnement même de l’économie de l’Afrique subsaharienne.
Ces stratégies s’inspiraient des théories et modèles de développement élaborés par des économistes et experts étrangers. Ces théories insistaient beaucoup sur le caractère dualiste des économies africaines et lui en attribuaient, à juste titre, leur retard économique. Les solutions préconisées pour réduire ce retard consistaient, naturellement, à faire disparaitre ce dualisme par une politique de modernisation.
Selon lui, certains de ces économistes, dont notamment Arthur. Lewis 3, John Maynard, et William Barber avaient définies les schémas théoriques que pourrait emprunter cette modernisation. L’une ses théories consistaient à émettre l’hypothèse que la croissance économique nécessitait un secteur capitaliste capable d’internaliser l’accumulation du capital en réinvestissant les bénéfices pour développer l’emploi.
Pour provoquer la modernisation, Lewis préconisait le transfert de la main d’œuvre du secteur traditionnel vers le secteur moderne en se fondant sur deux faits d’observation : le réservoir de main-d’œuvre que constitue la population rurale pour la création d’activités nouvelles et la faible productivité marginale de cette main-d’œuvre.
Dr Komi Abalo propose
En effet, en raison de la forte productivité du travail dans le secteur moderne, on peut légitimement supposer qu’un développement rapide de l’ensemble de l’économie pourrait être obtenu si on procédait à ce transfert. Il a défini les conditions du transfert dont, entre autres, la majoration des salaires du secteur moderne pour attirer la main-d’œuvre rurale, d’autant que la productivité marginale du travail y est relativement élevée.
« Si Barber, Maynard pensent aussi que la modernisation requiert ce transfert, ils n’en soutiennent pas moins que l’offre de main-d’œuvre du secteur traditionnel, à partir d’un certain seuil, devient inélastique. Il est capable, à un moment donné, de réagir contre son dépeuplement et d’amorcer sa propre mutation qui devrait déboucher plus tard sur la disparition du dualisme », a rappelé Dr Abalo.
En définitive, il soutient que l’on retienne l’un ou l’autre mécanisme du schéma n’a que peu d’importance car chacun, à terme, devrait théoriquement déboucher sur la disparition du dualisme. Mais les deux mécanismes impliquent, dans leur phase initiale, que l’on consacre le capital disponible à la création de nouvelles formes d’activités.
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