Le 15 janvier 2025, la place de l’Étoile Rouge à Cotonou (Bénin) a été le théâtre d’une manifestation pacifique organisée par trois organisations de la société civile – le Conseil de la Jeunesse Patriotique (CoJeP), Planète des Jeunes Panafricanistes (PJP) et l’ONG Grain d’Amour. À travers cet événement, les manifestants ont exprimé leur soutien aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) béninoises et exigé le retrait immédiat des forces françaises du territoire national.
Cette mobilisation survient après l’attaque terroriste meurtrière du 8 janvier dans le nord du pays, ayant coûté la vie à 30 soldats béninois. Cet événement tragique a exacerbé les critiques envers la présence militaire française, jugée inefficace pour prévenir les attaques terroristes, lesquelles se multiplient dans la région. Les manifestants estiment que cette présence militaire sert davantage les intérêts stratégiques de l’ancienne puissance coloniale que ceux de la sécurité du pays même.
Naïni Kassa Mampo, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB), a déclaré : « La coopération militaire avec la France n’a fait qu’encourager l’expansion du terrorisme. Nous demandons aux Béninois de se mobiliser pour exiger la fin de cette ingérence». Une nouvelle manifestation est prévue le 25 janvier 2025 à la Bourse du Travail de Cotonou pour réitérer cette revendication.
Des béninois pour la coopération militaire régionale
Inspirés par les résultats obtenus par l’Alliance des États du Sahel (AES), qui réunit le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les Béninois ont réalisé la nécessité de renforcer la coopération militaire régionale. Les organisations à l’origine de la manifestation appellent à un partenariat accru avec cette coalition sahélienne. Elles ont tenu à souligner que la souveraineté et la sécurité du pays ne peuvent être garanties que par des forces locales et une collaboration interétatique.
À l’instar des pays de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le peuple du Bénin semble suivre la voie d’une prise en main souveraine de son avenir sécuritaire. Les résultats convaincants des pays de l’AES, un an après la mise en place de leur coopération militaire autonome, démontrent que la solution à l’insécurité réside dans une solidarité régionale. L’exemple des interventions étrangères, notamment françaises et américaines, montre leurs limites et leurs impacts souvent contre-productifs.
Les manifestations croissantes à Cotonou traduisent la volonté populaire de mettre fin à une présence militaire étrangère perçue comme néfaste. Pour les populations du Bénin, comme pour d’autres nations africaines, le véritable chemin vers la paix passe par l’unité régionale et le renforcement de leurs propres capacités de défense.
Par Coulibaly Mamadou