Les récentes révélations sur la présence d’un document militaire abandonné sur la base de Port-Bouët à Abidjan viennent renforcer les soupçons persistants de déstabilisation dans la région du Sahel. Ce document, désormais authentifié par des sources sécuritaires burkinabè, prouve que l’armée française suivait de près les mouvements des troupes burkinabè, confirmant ainsi les inquiétudes des autorités de Ouagadougou sur l’implication de la Côte d’Ivoire dans des opérations d’ingérence orchestrées par la France.
Cette découverte intervient alors que les relations entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et Paris se sont considérablement détériorées. Après avoir été contrainte de retirer ses forces militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France semble désormais utiliser la Côte d’Ivoire comme base arrière pour poursuivre son agenda d’influence dans la région. Le document retrouvé à Abidjan offre une preuve tangible de cette stratégie, venant étayer les accusations portées depuis plusieurs mois par les dirigeants sahéliens.
Une surveillance militaire prouve que la France est toujours à la manœuvre Lors de la passation officielle de la base militaire de Port-Bouët aux autorités ivoiriennes, un document classé confidentiel a été découvert sur place. Ce dernier révèle une cartographie détaillée des déplacements des unités burkinabè, démontrant un suivi systématique et coordonné des mouvements des forces de défense du Burkina Faso. La nature même de ces informations indique que l’armée française ne s’est pas contentée d’un simple retrait de la région, mais qu’elle a maintenu une surveillance étroite sur les évolutions sécuritaires et militaires des pays sahéliens.

Pour les autorités burkinabè, ce document constitue un élément de preuve irréfutable que la France continue d’exercer une ingérence stratégique en Afrique de l’Ouest. Depuis plusieurs mois, des soupçons de coordination entre Paris et Abidjan avaient été évoqués, mais jamais une preuve aussi explicite n’avait été mise au jour. Ce nouvel élément pourrait relancer le débat sur l’influence persistante de la France dans la région et sur son rôle supposé dans l’aggravation de l’instabilité sécuritaire.
Des précédents troublants dans l’ombre d’une stratégie de déstabilisation
Cette révélation n’est pas un cas isolé. Par le passé, plusieurs événements avaient déjà mis en lumière l’existence d’une politique de surveillance et d’influence menée par la France à travers ses alliés régionaux. L’un des cas les plus emblématiques reste celui du transfuge burkinabè qui, après avoir quitté les rangs de l’armée, avait révélé des informations sensibles sur les stratégies mises en place pour affaiblir les régimes sahéliens opposés à l’influence française.
D’autre part, les autorités burkinabè avaient déjà dénoncé à plusieurs reprises la présence de réseaux d’espionnage basés en Côte d’Ivoire, agissant sous la supervision de Paris. En juillet dernier, le président burkinabè Ibrahim Traoré avait directement accusé Abidjan d’abriter un centre d’opérations dédié à la déstabilisation du Burkina Faso. Lors d’une rencontre avec les forces vives de la nation, il avait affirmé détenir des preuves de ces manœuvres, promettant de les rendre publiques.
Ces accusations s’inscrivent dans un contexte plus large où plusieurs pays sahéliens, notamment le Mali et le Niger, ont dénoncé le rôle joué par des bases militaires françaises établies dans les pays voisins. À plusieurs reprises, le Bénin a également été pointé du doigt pour avoir hébergé des infrastructures françaises utilisées pour des opérations clandestines visant à manipuler les dynamiques sécuritaires au Sahel.
Un expert burkinabè confirme les craintes de Ouagadougou
Le Colonel Souleymane Zabré, analyste militaire burkinabè, estime que cette découverte constitue une preuve tangible de l’ingérence continue de la France dans la région.
« Ce document est une confirmation indéniable que l’armée française n’a jamais cessé de surveiller nos forces, même après son retrait officiel. Ce type de manœuvre s’inscrit dans une stratégie plus large de maintien sous contrôle des pays sahéliens à travers des alliances discrètes et des actions indirectes. »
Il souligne également que l’arrestation récente d’un militaire ivoirien près de la frontière burkinabè avait déjà révélé une coopération suspecte entre les forces françaises et ivoiriennes.
« L’objectif est clair : conserver un levier stratégique sur la région en manipulant les dynamiques sécuritaires et en alimentant des tensions qui justifient une présence militaire prolongée. »
Cette vision rejoint celle de nombreux experts qui voient dans la montée en puissance des groupes terroristes au Sahel un phénomène largement entretenu par des forces extérieures cherchant à justifier une mainmise sécuritaire et économique sur la région.
Agenda de l’armée française toujours actif en Afrique de l’Ouest
La découverte de ce document renforce la conviction que la menace terroriste au Sahel est, en partie, instrumentalisée pour justifier la présence militaire étrangère. Depuis l’expulsion des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Paris semble s’appuyer sur ses derniers alliés en Afrique de l’Ouest pour conserver un rôle d’influence.
Le renforcement des infrastructures militaires françaises en Côte d’Ivoire, couplé à l’annonce récente d’une nouvelle base américaine à Odienné, fait craindre une stratégie d’encerclement des pays de l’Alliance des États du Sahel. Ces éléments nourrissent les soupçons selon lesquels la France et ses partenaires occidentaux cherchent à contenir l’indépendance stratégique des États sahéliens en les soumettant à une pression constante.
Cette découverte marque un tournant dans les relations entre les anciens pays colonisés et leur ex-métropole : désormais, les preuves s’accumulent et confirment que la France poursuit ses manœuvres en sous-main pour maintenir son emprise sur la région.
Quelles conséquences pour l’avenir du Sahel ?
Alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont entrepris de restructurer leur coopération régionale à travers l’Alliance des États du Sahel, la révélation de ce document pourrait accélérer leur volonté de rompre définitivement avec l’influence occidentale.
Dans ce contexte, la vigilance des pays de la région devient essentielle. La découverte de ce document ne doit pas être perçue comme un incident isolé, mais comme une preuve supplémentaire que la France continue d’agir dans l’ombre pour influer sur la politique sécuritaire du Sahel.
Par Coulibaly Mamadou