Condamné le 3 février 2025 à 10 ans de réclusion criminelle, Wawim Karrou, militant du Parti national panafricain (PNP), est décédé dimanche 9 février d’après une alerte de l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO). Absent lors de son procès en raison de son état de santé, son décès vient s’ajouter à une série de drames en détention qui ravivent les inquiétudes sur les conditions carcérales au Togo. Des organisations de la société civile réclament de nouveau la fermeture de la prison civile de Lomé.
Né le 7 août 1984 à Kara, Wawim Karrou, électronicien de profession, avait été arrêté le 21 décembre 2018, en pleine crise socio-politique déclenchée en août 2017 par Tikpi Atchadam, leader du PNP. Comme d’autres militants de l’opposition, il avait été poursuivi pour complot contre la sécurité intérieure de l’État, troubles aggravés à l’ordre public et groupement de malfaiteurs.
Souffrant, il n’avait pas pu se présenter à son procès. Pourtant, la cour d’assises l’avait jugé et condamné en son absence. Sa famille et ses proches, qui dénoncent les conditions de détention inhumaines depuis son incarcération, pointent du doigt la négligence des autorités.
Des conditions de détention de Wawim Karrou dénoncées
Le décès de Wawim Karrou n’est pas un cas isolé. En août 2024, le Front « Touche Pas À Ma Constitution » recensait 9 morts parmi les 92 prisonniers politiques incarcérés entre 2020 et 2023. Le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) avait déjà alerté sur la santé préoccupante du militant du PNP, appelant à une prise en charge médicale urgente.
« Certaines des personnes détenues en lien avec la situation socio-politique sont décédées et d’autres sont gravement malades, à l’instar du sieur Karrou Wawim, ce qui l’a empêché de comparaître lors de l’audience du 3 février 2025 », soulignait le CACIT dans un communiqué publié le 7 février.
L’organisation de défense des droits humains rappelle également que le Comité contre la torture de l’ONU avait, dès 2019, recommandé la fermeture immédiate de la prison civile de Lomé en raison de conditions de détention indignes.
Une prison surpeuplée et insalubre
Les rapports des ONG dressent un tableau alarmant des établissements pénitentiaires togolais. Selon SOS-Torture en Afrique, le Togo comptait 5 341 détenus au 31 janvier 2020, répartis dans 13 prisons et une brigade pour mineurs. Dix d’entre elles affichent un taux de surpopulation compris entre 109 % et 609 %.
À la prison civile de Lomé, conçue pour 666 détenus, on en dénombrait 1 208 en juillet 2020, soit près du double de sa capacité. La situation est encore plus critique à la prison civile de Tsévié, qui abritait 341 détenus pour 56 places, un taux de surpopulation de 609 %.
Face à cette réalité, les organisations de la société civile réclament une réforme en profondeur du système carcéral togolais et une meilleure prise en charge des détenus. Mais pour beaucoup, la fermeture de la prison civile de Lomé reste la seule issue viable pour garantir des conditions dignes et humaines aux personnes incarcérées.
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