Les cotonculteurs togolais sont à bout de souffle et tiennent à le faire savoir. Réunis au sein de la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC COOP-CA), ils ont exigé samedi le départ du Groupe OLAM, qui a pris le contrôle du secteur depuis 2020. Koussouwe Kouroufei, le président du Conseil d’administration de la FNGPC, a signalé que le chef de l’État, Faure Gnassingbé, a été saisi de la question.
Les Cotonculteurs pointent une mauvaise gestion
Les producteurs de coton du Togo ont exprimé leur mécontentement samedi devant la presse à Lomé, dénonçant une mauvaise gestion du secteur par le groupe OLAM. Ils accusent OLAM d’abus de pouvoir, de montages financiers douteux, et de rapatriements illicites des fonds de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT). Selon eux, le groupe OLAM est hostile aux réunions impliquant les Cotonculteurs. Depuis son arrivée, seulement deux réunions ont eu lieu.
Avant l’arrivée du Groupe OLAM, un comité composé de producteurs, de l’État, et de tous les actionnaires fixait ensemble la date de la vente du coton fibre au moment où le prix de vente était le plus élevé possible.
« A l’arrivée du Groupe OLAM, ce comité a été dissout. OLAM est seule à avoir l’exclusivité de l’achat du coton grain et au moment de la vente du coton fibre, le Groupe par ses filiales rachète la fibre pour revendre seul. Le Groupe OLAM a droit d’acheter jusqu’à 60% de coton fibre par droit de veto de toute la fibre produite et les 40% restants peuvent être laissés aux autres fournisseurs. C’est encore OLAM qui les vend », dénonce Koussouwe Kouroufei, PCA FNGPC COOP-CA.
Contrôle des intrants et manipulation des chiffres
La FNGPC a expliqué qu’auparavant, les producteurs commandaient les intrants par l’intermédiaire de la Fédération. Aujourd’hui, OLAM a l’exclusivité des acquisitions des intrants, ce qui signifie que les producteurs ne maîtrisent plus le processus des marchés publics. Le Groupe OLAM-Agri, une filiale d’OLAM, a vendu les engrais en 2024 selon ses propres normes et a imposé ses prix sur le marché.
Les cotonculteurs togolais accusent OLAM de manipuler les chiffres pour donner une fausse impression de réussite. Ils déplorent une mauvaise gestion qui affecte les rendements et les finances. Depuis 2020, le groupe n’a versé aucun dividende aux producteurs, accumulant une dette de 14 milliards de francs CFA qu’il tente de mettre sur le dos des producteurs et de l’État togolais.
La FNGPC entretient une double relation avec la NSCT. D’une part, elle collabore en tant que partenaire pour la production et la vente de coton en grain. D’autre part, elle détient 25 % des actions de la société cotonnière, aux côtés d’OLAM Internationale (51 %) et de l’État togolais (24 %). A ce titre, à la fin de chaque exercice, la FNGPC s’attend à recevoir des dividendes issus des bénéfices réalisés.
Dividende et prix d’achat du coton
« Depuis l’arrivée du Groupe OLAM en 2020, il ne nous a versé aucun dividende. Il nous parle plutôt d’une dette de 14 milliards. Et le groupe tente de le mettre cette dette sur le dos des producteurs et l’Etat togolais », a révélé Koussouwe Kouroufei, PCA FNGPC COOP-CA avant d’accuser : « Ils se sont octroyés de gros salaires. Du coup, ils n’ont plus de bénéfices à la fin de l’exercice. Cette dette vient également d’une mauvaise vente du coton fibre alors que le coton fibre togolais est très recherché sur le marché international.
L’organisation accuse par ailleurs OLAM de continuer à acheter le coton à un prix très bas en refusant d’utiliser le taux de 44% pour calculer le prix d’achat du coton grain aux producteurs. Elle dénonce le prix actuel de 274F le kg qui n’avantage pas les cotoncultures qui dépensent environ 300 000 Fcfa pour produire un hectare de coton.
La FNGPT COOP-CA refuse également le prix d’achat de la graine de coton fixé à 70 Fcfa alors que la société vend le Kg à 185F.
« Le prix normal doit aller au moins à 310F le Kg pour cette année mais OLAM s’est précipitée pour afficher le prix de 274 F le kg… Nous produisons juste pour quelqu’un. Le producteur ne gagne rien et n’a aucun bonus malgré la hausse des prix du coton et du coton fibre. Ils sont acheteurs et vendeurs. Olam n’a qu’à partir. Nous allons travailler avec l’Etat comme avant…», a déploré le FNGPC.
La FNGPC pose des conditions
Face à cette situation, les producteurs de coton exigent le départ immédiat de la multinationale OLAM du Togo. Si OLAM doit rester, les cotonculteurs demandent la mise en place de plusieurs mesures correctives.
Il s’agit de la création d’une interprofession avec un Secrétaire permanent de l’État ; de la nomination d’un Directeur opérationnel entouré de techniciens compétents ; de la création d’un fonds de soutien de la filière cotonnière, de la mise en place d’un comité de régulation et d’un comité de gestion de la filière cotonnière ; et de la nomination d’un Directeur général togolais et d’un Directeur logistique togolais à la tête du Groupe OLAM.
Tous les griefs portés contre le groupe OLAM et les exigences de la FNGPT COOP-CA sont portés à la connaissance du chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé qui est invité à résoudre la crise qui couve dans le secteur.
Notons que les cotonculteurs du Togo étaient au nombre de 153 000 avant l’arrivée de OLAM. Ils ne sont plus que 83 000 actuellement; ce qui a des répercussions sur le rendement. La démotivation continue de s’installer dans leurs rangs et plusieurs se sont tournés vers le soja où les prix sont quelque peu avantageux, comparativement au coton.
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