Pascal Bodjona, ministre à la Présidence togolaise, s’est rendu lundi 27 janvier à N’Djamena (Tchad) pour une mission spéciale, portant un message qualifié de « confidentiel » de Faure Gnassingbé à l’attention du Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno. L’audience entre les deux personnalités s’est déroulée dans l’enceinte feutrée du palais présidentiel tchadien, dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires et diplomatiques.
Diplomatie silencieuse au cœur du Sahel
Ni Lomé ni N’Djamena n’ont donné d’indications sur le contenu de ce message. Le silence des deux capitales est révélateur de l’approche discrète privilégiée par le Togo, souvent perçu comme un acteur subtil et influent dans les cercles diplomatiques de la région. Faure Gnassingbé, coutumier des initiatives de médiation, semble poursuivre son rôle de facilitateur dans les dossiers sensibles qui agitent le Sahel et l’Afrique centrale, deux régions en proie à des tensions politiques et sécuritaires.
Pour le Maréchal Déby, engagé dans une transition délicate depuis son accession au pouvoir en avril 2021, cette visite s’inscrit dans une dynamique où les alliances bilatérales et régionales jouent un rôle crucial. Le Tchad, confronté à des insurrections armées et des défis liés à la gouvernance, reste une pièce maîtresse de la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.
Un message lié aux enjeux régionaux ?
Bien que les autorités togolaises et tchadiennes n’aient laissé filtrer aucun détail, plusieurs hypothèses peuvent être avancées quant aux thématiques abordées. La sécurité régionale, la transition politique au Tchad, ou encore les récentes initiatives de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, pourraient avoir figuré au menu des discussions.
Le rôle du Togo dans la médiation sur les questions de sécurité et de stabilité en Afrique est reconnu. Récemment, Faure Gnassingbé a été sollicité par divers acteurs internationaux pour participer à des discussions sur la paix et la coopération au Sahel. La visite de Pascal Bodjona à N’Djamena pourrait donc s’inscrire dans cette logique de diplomatie proactive.
L’implication de Pascal Bodjona, figure influente du gouvernement togolais, n’est pas anodine. De retour dans le cercle des proches collaborateurs du président Faure Gnassingbé, Bodjona est souvent dépêché pour des missions où l’expertise et la discrétion sont nécessaires.
Au delà du Tchad, un intérêt stratégique pour le Sahel
Ce déplacement confirme l’intérêt stratégique du Togo pour les questions sahéliennes, non seulement pour des raisons sécuritaires, mais également pour renforcer son positionnement comme acteur clé des relations interafricaines.
La visite de Bodjona à N’Djamena pourrait annoncer des initiatives diplomatiques plus larges. Le ministre togolais des affaires étrangères a récemment annoncé que le Togo n’exclut pas une possible adhésion à la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Etant situé au coeur du Sahel, le Tchad était déjà très attendu dans cette organisation.
Le Togo joue-t-il les couloirs pour cette fin ? Les jours à venir pourraient apporter des éclaircissements sur cette rencontre dont l’impact dépasse probablement le cadre des seules relations bilatérales entre le Togo et le Tchad.
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